Pour faire du profit, un patron augmente de 5 500 % le prix d’un traitement utilisé contre la toxoplasmose

En un jour seulement, le prix du Daraprim, médicament indiqué dans le traitement de la toxoplasmose, une maladie infectieuse due à un parasite, a bondi de 13,50 à 750 dollars, soit une augmentation de 5 500 %. En cause, Martin Shkreli, jeune patron du fonds d’investissement qui a racheté les droits du médicament.

Il est actuellement la cible de tous aux États-Unis. Martin Skhreli est le PDG de la société Turing Pharmaceuticals qui a acquis en août dernier les droits du Daraprim, un médicament utilisé pour traiter les infections parasitaires, très prescrit notamment chez les porteurs du VIH. Il ne s’agit pas là directement d’un traitement anti-VIH, mais qui lutte contre une maladie souvent contractée par les patients qui en sont atteints, la toxoplasmose.

L’objet de l’indignation du peuple envers ce jeune entrepreneur de 32 ans est la hausse subite du prix du médicament, passant de manière spectaculaire de 13,50 à 750 dollars. Au New York Times, Martin Shkreli justifie cette hausse par le petit nombre de patients soignés par le Daraprim, et la nécessité de réunir des fonds pour financer la recherche de nouveaux traitements, avec moins d’effets secondaires. Il est à noter que le Daraprim est le traitement de référence pour la toxoplasmose, et qu’il n’existe aucun traitement alternatif avec une telle efficacité.

« Si une société vendait une Aston Martin au prix d’une bicyclette, et que nous rachetions cette société, puis pratiquions les prix de Toyota, je ne crois pas que c’est un crime », déclare aussi le PDG de Turing Pharmaceuticals à la chaîne CBS, avant de tweeter « J’ai l’impression que les médias me pointent du doigt. Alors je les pointe à mon tour, mais pas avec l’index ni l’auriculaire »…

L’affaire a pris de l’ampleur et la politique s’en est emparée, avec notamment la sénatrice et candidate à la future élection présidentielle Hilary Clinton, qui a annoncé des propositions prochaines pour stopper l’escalade des prix des médicaments et qu’elle allait dévoiler un plan pour lutter contre la flambée des prix des traitements développés par les « biotechs ». La sénatrice a notamment tweeté « Le creusement des prix, comme dans le marché de la médecine de spécialité, est scandaleux », provoquant par la même occasion une chute du cours des biotechs au Nasdaq de plus de 5 % en quelques heures, l’équivalent de 15 milliards de dollars.

Un porte-parole de Turing Pharmaceuticals a depuis annoncé que des discussions avaient été entamées avec les hôpitaux et les cliniques du pays pour que le médicament soit gratuit pour les patients qui ne bénéficient pas d’une couverture médicale.

Sources : nytimes, washingtonpost, lemonde