Chine vs États-Unis : la guerre du maïs fait rage !

Depuis trois ans, le FBI garde un œil sur des Chinois travaillant dans l’industrie agro-alimentaire, ces derniers étant accusés d’espionnage industriel. Voici la « guerre du maïs » qui fait rage entre les deux premières puissances mondiales, dont les enjeux géopolitiques sont indicateurs sur l’avenir de l’humanité sur le plan alimentaire.

300 petites enveloppes en papier kraft ont été retrouvées en possession de deux Chinois qui ont été appréhendés, alors qu’ils s’apprêtaient à prendre un vol Chicago-Pékin un beau jour de septembre 2012. Le fait est que ces deux personnes sont spécialisées dans les semences agricoles et que les enveloppes contenaient toutes des graines de maïs. Ces semences ont servi de preuves pour accuser Mo Hailong er Mo Yun de tentative de vol de secret industriel en décembre 2013.

Leur arrestation à l’aéroport de Chicago est le point de départ d’une traque digne d’un film policier à succès. Cette histoire est racontée par Ted Genoways, écrivain et journaliste américain, dans l’enquête Corn Wars publiée par le magazine New Republic le 16 août 2015. Courses poursuites, mises sur écoute, micros placés sous des véhicules, le FBI a mis les moyens pour démanteler un groupe de « voleurs d’épis ».

Quel intérêt pour la Chine de venir prélever sur le sol américain des semences?

Le XXe siècle est synonyme d’avènement de la culture du maïs comme enjeu commercial mondial majeur. Dominer le monde par la production alimentaire, c’est exactement ce qu’avaient en tête les Américains dans les années 1960 en pleine guère froide, en voulant placer sous sa coupe, des pays qui seraient dépendants de l’importation de denrées alimentaires américaines.

Cette motivation à vouloir espionner les Américains résulte d’un souci propre aux Chinois. Selon Ted Genoways, « la Chine ne peut tout bonnement pas produire suffisamment de nourriture. Les pénuries d’eau et le manque de terres arables contraignent le gouvernement chinois à acheter 2 à 5 millions de tonnes métriques de maïs américain par an, soit environ 94 % de la totalité du maïs importé chaque année en Chine. »

Malgré son territoire très vaste, la Chine est en proie à divers désastres écologiques et à la pression démographique, puisque 90 % de la population vit sur un tiers du territoire chinois, tourné vers la gigantesque façade maritime. Ces éléments font que la Chine n’est absolument pas autosuffisante sur le plan alimentaire et reste dépendante des États-Unis.


« Les entreprises comme DuPont Pioneer et Monsanto aiment soutenir qu’elles n’ont d’autre but que de nourrir la population mondiale, en plein essor. Bien évidemment, l’objectif de DuPont Pioneer n’est ni d’assurer la sécurité alimentaire mondiale, ni de nourrir la population chinoise, mais d’augmenter ses parts de marché et ses profits en conservant la Chine comme cliente »
indique Ted Genoways.

En effet, en 2015 plus que jamais, il semble que la recherche d’une sécurité alimentaire à toute épreuve résulte d’une volonté de relever le défi scientifique visant à créer du maïs génétiquement modifié et des graines hybrides aux propriétés ultra-productives. Cela occasionne des dérives comme l’espionnage industriel des Chinois envers les Américains, dans le but de s’émanciper de cette dépendance gênante pour Pékin.

Sources : Courrier InternationalNew Republic