Impression 3D : quel impact sur le monde culinaire et la société ?

Pendant très longtemps, l’impression consistait simplement en une machine, de l’encre et du papier. Petit à petit, les innovations et autres déclinaisons ont dépoussiéré le concept. Nous avons vu l’arrivée de l’impression en ligne et l’impression sur tous types d’objets pour un maximum de personnalisation comme le prouve Helloprint, l’acteur le plus important du marché qui suit ce filon depuis quinze ans. L’arrivée tonitruante de l’imprimante 3D a ensuite bouleversé le secteur des technologies avant de s’inviter dans le monde de l’art, de la médecine, de la mode… On la retrouve également depuis peu dans les cuisines avec de la matière comestible sous la forme de produits bruts liquides ou en poudre à la place de l’encre pour imprimer des décorations comestibles, des mets… Mais quel impact cette arrivée aura-t-elle pour la société ?

Une technologie pleine de promesses

Capture tirée de la chaîne YouTube de Tech Punch

La première chose à noter est que cette technologie pourrait être utilisée dans un futur proche face à la croissance de population et la famine. En proposant des préparations à haute valeur énergétique ou en utilisant des denrées non périssables, l’impression 3D pourrait permettre de faire face aux pénuries, notamment en ce qui concerne les matières premières.

La dimension écologique est aussi un enjeu, car cette innovation pourrait permettre de réduire grandement les déchets en offrant la possibilité de produire tous types de recettes sans avoir recours à des aliments en boîte ou industriels. En bonne technologie additive qu’elle est, elle ne consomme que ce qui a été programmé au préalable, permettant ainsi d’éviter le gaspillage

Pour Mélanie Senger, développeuse chez « Print2Taste », la possibilité de personnaliser sa nourriture est un grand avantage : « Cela dépend toujours de la personne, voilà pourquoi c’est personnalisé. Si quelqu’un a une carence en vitamine D, vous pouvez en ajouter un peu. Si quelqu’un a une autre déficience, ne mange pas assez par exemple, vous pouvez ajouter un peu d‘énergie sous forme de protéines ou de matières grasses. Pour les personnes obèses ou en surpoids, on peut augmenter les fibres afin qu’elles se sentent rassasiées plus rapidement et limitent leur consommation ». Cette idée de personnalisation intéresse particulièrement l’armée américaine qui souhaiterait avoir recours à cette technologie tant pour créer des aliments longue conservation riches en vitamines et minéraux qui peuvent être facilement préparés et consommés en zone de combat que pour avoir des repas ayant un apport adapté aux besoins en nutriments en répondant à la demande de chaque soldat (donc pas de gaspillage lié au conditionnement et moins de coûts de transport).

Deux exemples de projets qui la mettent en scène

Impression de pizza en 3D pour la NASA – Capture tirée de la chaîne YouTube de Futurism

Comme l’explique Dorothée Goffin, chercheuse à Gemboux Agro-Bio Tech et directrice du nouveau Smart Gastronomy Lab de l’ULg : « Il existe déjà de grands projets européens sur l’alimentation des seniors qui sont confrontés à des problèmes de déglutition. Plutôt que la purée et la panade, la 3D permettrait de recréer des aliments adaptés ». Financé à hauteur de 3 millions d’euros par l’Europe, le projet allemand Performance a pour ambition de créer directement dans les établissements qui s’occupent d’eux des repas personnalisés (en fonction des besoins, carences…), appétissants et mangeables facilement pour chaque senior avec un fonctionnement simple : les aliments sont mixés puis reconstitués par l’imprimante sous la forme de l’aliment de base (côte de porc, cuisse de volaille…).

« Cette technologie est aussi étudiée pour l’alimentation dans des conditions extrêmes. Lors de voyages dans l’espace, pour les soldats sur le champ de bataille, etc. Le MIT et l’armée américaine y travaillent », ajoute Dorothée Goffin. La NASA avait par exemple accordé une bourse de 125 000 dollars au projet BeeHex, une imprimante 3D pour obtenir des pizzas couvrant les besoins journaliers des astronautes à partir de poudres de protéines et de poudres alimentaires tout en promouvant une alimentation savoureuse pour ces derniers pendant leurs longues missions dans l’espace.

L’impression 3D alimentaire : bientôt dans nos cuisines ?

Impression culinaire en 3D de bonbons – Crédits : Flickr/Pestoverde

Cette technologie n’en est encore qu’à ses débuts et ne permet pas toujours de cuire les aliments ou d’offrir d’innombrables possibilités de plats. Nous sommes donc encore loin des technologies de Star Trek ou du Cinquième Élément, sans compter que le coût des machines et des matières premières n’est pas donné. Ce sont donc plutôt les professionnels qui en tirent profit pour l’instant.

Sources : ObjetConnecté ; 3DNatives