Une artiste pose nue en plein coeur de New York en mémoire des esclaves

Une photographe afro-américaine, Nona Faustine, prend des photos nues d’elle même sur les anciens sites de l’esclavage. Le but est de rendre hommage aux hommes et aux femmes qui l’ont subi à une époque pas si lointaine.

À New York, l’esclavage a commencé en 1626. Il a duré deux siècles avant d’être aboli en 1827. Nona Faustine a voulu montrer les anciens lieux d’esclavage comme Wall Street. Le 13 décembre 1711, la ville de New York a déclaré cette rue premier marché d’esclave officiel de la ville.

« Nous devons reconnaître et rendre hommage à ceux qui ont fondé et construit ce pays. Pas seulement certains d’entre eux, mais chacun d’eux », a déclaré N. Faustine.

Une œuvre s’est inspirée de plusieurs personnes.

Delia, était une femme originaire du Congo. Son portrait — ainsi que celui de deux autres personnes — a été pris à la demande de Louis Agazzi en 1850. Nona explique qu’au fil des années, l’image de Delia est souvent venue à elle, lui permettant d’imaginer sa vie.

« Qu’il y ait des vraies larmes dans les yeux ou un léger flou de mouvement, ce que la photographie ne peut pas nous dire c’est l’horreur réelle, ou les détails de sa vie misérables. Vous êtes seulement laissé avec la beauté de ses traits et un regard obsédant contrastant avec sa nudité ».

Saartjie « Sarah » Baartman, une femme africaine Khoikhoi était aussi appelée la Vénus hottentote. À cause de sa silhouette et de ses hanches larges, elle a été exposée dans les foires et autres lieux sordides d’Europe du 19e siècle.

« Je fus frappé par le spectacle de cirque de son esclavage. Sa captivité était simplement pour le divertissement d’un public européen qui cherchait à dépouiller son humanité propre et au figuré, éliminant ainsi la possibilité de voir cette femme comme un être vivant, la respiration, le sentiment d’être humain avec l’intellect, au lieu d’être traité comme un animal » a commenté Nona

Voici une représentation caricaturale de son exposition en Angleterre, pays où l’esclavage était pourtant aboli.

Les clichés de Nona Faustine ont pour titre « White Shoes ». Les chaussures blanches de l’artiste sont le symbole du « patriarcat blanc auquel nous ne pouvons pas échapper ». Dans ses photos, on retrouve le City Hall de New York, la Cour suprême, le cimetière néerlandais pré-révolutionnaire de Brooklyn, la cote atlantique de Brooklyn et Wall Street.

« Debout à Wall Street à l’endroit exact où, il y a 150 ans, ils vendaient les autochtones et les hommes africains, les femmes, les enfants, je ne suis pas parvenue à mesurer la peine terrifiante et la douleur qu’a engendrée l’activité qui s’y déroulait jadis » a expliqué Faustine. « Ce que je sentais c’était l’énergie de New York City, une force incroyable. Là, je me suis retrouvée au rideau du temps entre deux époques, passé et présent. »

Sources : Black Girl Long Hair, Huffington Post, Nouvel Obs