Ras le bol du démarchage commercial ? Il suffit maintenant de s’inscrire sur cette liste !

Ils ont toujours quelque chose à nous vendre et à les entendre, c’est bien entendu l’assurance/les fenêtres révolutionnaires/un message de l’au-delà/l’offre internet (rayez la mention inutile) qui va vous changer la vie ma bonne dame/mon bon monsieur. Cet appel peut sembler anodin et ces personnes ne font que leur travail, mais multipliés par deux ou trois chaque jour chez certains, cela devient vite fatigant. Pire encore certains appels vous vendent des offres auxquelles vous ne souhaitez pas souscrire en utilisant des moyens pour le moins fallacieux (comme se dire partenaire d’EDF pour créer une impression de confiance). Les entreprises se vendent entre-elles leurs listes pour s’adresser aux bons profils au téléphone (seniors, jeunes…) et une simple inscription sur un site internet sans lire les clauses en détail ou en cochant une mauvaise case peut vous valoir des ennuis avec les entreprises auxquelles vos informations seront revendues. Mais même si des moyens se mettent en place pour y faire place on peut se demander si cela va fonctionner

C’est aujourd’hui, mercredi 1er juin, qu’a été lancé Bloctel. Avant lui, il y a eu la liste orange, de 1989 à 2011 puis le grand frère de Bloctel a fait son apparition prometteuse  et avait tout de même recueilli l’inscription de 1,2 million de consommateurs avant de s’avérer être un échec cuisant et d’être abandonné le 1er janvier 2016. Pacitel n’imposait rien aux entreprises de télémarketing et rares étaient les entreprises qui s’aventuraient sur cette liste avant d’appeler. Basée sur le volontariat, on se doute que peu d’entreprises étaient motivées pour l’utiliser car elles devaient payer pour l’utiliser.

En quoi Bloctel est-il différent ? Il est censé être obligatoire pour tout le monde et est à l’initiative des consommateurs. Bloctel recevra chaque mois les listes des entreprises et supprimera des ces-mêmes listes les numéros des personnes qui ne souhaitent pas être démarchées. Si le démarchage continue, la personne appelée pourra faire une réclamation sur le site qui pourra donner lieu à une enquête de la DGCCRF pouvant donner lieu à une amende allant jusqu’à 75000 euros. Le service est gratuit, protège un numéro pendant 3 ans et vous pouvez inscrire votre numéro ainsi que celui de son conjoint, concubin, pacsé et de ses enfants.

Mais si on y regarde de plus prêt on note quelques exceptions qui risquent de compliquer la tâche. Les appels continueront dans les cas de figure suivants :

  • Si vous avez un contrat chez des professionnels (banque, assurance, internet…)
  • De la part des services publics
  • En provenance les instituts d’études et de sondage
  • Les appels des associations à but non lucratif
  • Lors d’un appel de prospection pour fournir des journaux, des périodiques ou des magazines
  • Ou encore si vous avez communiqué « de manière libre et non équivoque votre numéro afin d’être rappelé »
  • Pour des appels de prospection en vue de la fourniture de journaux, de périodiques ou de magazines

Pour Cyril Brossert, journaliste à UFC-Que Choisir, qui s’est exprimé auprès du HuffPost : « cela ne fonctionnera qu’à condition que ce soit simple et efficace, et qu’il y ait un suivi des pouvoirs publics ». Le fait que ce soit une co-entreprise administrée par quatre sociétés de démarchages téléphoniques qui ait remporté l’appel d’offre suscite l’interrogation : « il y a un risque qu’ils ne mettent pas vraiment de cœur à l’ouvrage« . Néanmoins, Bercy se montre en confiance, notamment parce que chaque étape va ainsi être contrôlée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), avec des niveaux de pare-feu élevés. Par ailleurs, ce ne sont pas les entreprises qui consulteront ces listings et les données  personnelles transmises seront conservées pendant six ans par le dispositif

On rappelle par ailleurs qu’une liste qui combat le démarchage téléphonique sera sans effet sur les spams, sur les SMS promotionnels ou les messages vocaux sur votre téléphone. Il convient d’envoyer ‘STOP’ au messages promotionnels et de dénoncer les spams au 33700. Cette solution n’est néanmoins pas imparable car comme le rappelait Nicolas Guieysse, le délégué général de l’Association française du multimédia mobile (AFMM) alors interrogé par Le Monde « C’est un peu le jeu du chat et de la souris. Les spammeurs ne passent plus par des numéros courts commerciaux pour inonder les consommateurs, mais achètent des numéros particuliers en 06 en détournant leur utilisation : chaque carte SIM émet une petite quantité de SMS, devenant donc indétectable. Les signalements téléphoniques au 33 700 sont automatiquement renvoyés chaque nuit à l’opérateur identifié. Ces derniers peuvent agir sur plusieurs aspects. Soit le message ou la mécanique mise en évidence est clairement frauduleuse, et dans ce cas la ligne est coupée, soit l’arnaque est faite de manière intelligente, et l’action à entreprendre devient plus délicate. » Il a par ailleurs signalé que « l’AFMM n’est pas une instance de régulation ».
Sources : HuffingtonPost ; Bloctel.Gouv ; LeMonde ; 60 millions de consommateurs