Quand le Brexit fait les affaires de Monsanto…

À Bruxelles, la confusion a gagné les esprits après le Brexit, et de manière inattendue : la décision sur l’interdiction du glyphosate a été repoussée à dans dix-huit mois. Cette nouvelle fait les affaires de Monsato qui commercialise ce produit chimique ultra-néfaste pour l’environnement.

Ce mardi 28 juin 2016, la Commission européenne a décidé de reporter la décision sur la décision à prendre au sujet du glyphosate. Autrement dit, ce pesticide sera autorisé à la vente dans l’Union Européenne au moins pour les prochains 18 mois. Cette décision fait suite à une première réunion s’étant déroulée le vendredi 24 juin, dont la décision n’a pas pu être prise, faute de majorité.

Cette réunion a eu le malheur de se tenir au lendemain du Brexit, le referendum pour lequel les Britanniques ont voté à 51,9% en faveur d’une sortie de l’UE. Sans le Brexit, les états membres auraient pu, faute d’efforts acceptables avant le 30 juin, retirer les autorisations de vente de tout produit contenant du glyphosate, représentés en première ligne par le célèbre Roundup, puissant herbicide de la marque Monsanto.

Mais qu’est-ce que le glyphosate ?

Synthétisé pour la première fois en 1950 par un chimiste suisse, le glyphosate ne trouvera d’applications concrètes que vingt années plus tard. Un autre chimiste du nom de John E. Franz, américain cette fois, tente alors de trouver le moyen de concevoir un herbicide puissant pour son employeur, la société Monsanto. Il découvre que le glyphosate détruit les plantes en venant à bout de leur enzyme essentielle à la fabrication des protéines.

Le glyphosate est alors breveté sous le nom commercial Roundup puis commercialisé dès 1974 en Malaisie (culture de l’hévéa) et au Royaume-Uni (culture du blé). Sa facilité d’utilisation et son efficacité reçoivent tout le succès espéré par Monsanto, et il s’utilise désormais partout, que ce soit dans les champs, les jardins, les parcs, les espaces publics et même sur les voies ferrées, afin de « nettoyer » les mauvaises herbes.

À partir de la fin des années 1990, son utilisation prend vraiment une ampleur mondiale. Monsanto développe des semences OGM afin de tolérer les traitements à base de Roundup et commercialise en 1996 des cultures spécifiques nommées Roundup Ready, par exemple pour le mais et le soja. Ces semences ont représenté, en 2013, 63% des semences transgéniques commercialisées et ce coup d’accélérateur n’est pas un hasard, puisque le brevet de Monsanto ayant expiré en l’an 2000 a permis à près d’une quarantaine de sociétés de commercialiser des produits contenant du glyphosate. Sur l’année 2011 par exemple, ce sont près de 650.000 tonnes de glyphosate qui ont été pulvérisées sur Terre.

Les années 2000 ont également vu l’apparition d’une résistance face à ce produit, et des voix se sont mobilisées pour alerter sur sa nocivité et depuis 2010, les preuves scientifiques s’accumulent. Par exemple, une étude menée en 2012 par le Pr Gilles-Éric Séralini à propos de la toxicité du Roundup sur le long terme, a fait trembler le géant Monsanto.

En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), organisme dépendant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a classé le glyphosate comme cancérogène probable pour l’être humain, une décision qui a activé les autorités sanitaires comme l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) en France. À l’échelon européen en revanche, ça coince puisque l’Agence européenne de sécurité des aliments (Aesa) a indiqué que « les éléments disponibles ne permettent pas sa classification comme cancérogène probable ».

La décision quant à son interdiction a donc été repoussée, mais une vingtaine de pays semble vouloir continuer à autoriser sa commercialisation, et donc son utilisation. En revanche les pays suivants résistent : Allemagne, France, Italie, Autriche, Grèce, Malte et Portugal.

Sources : ReporTerreHuffingtonPost