Le Royaume-Uni vote la loi de surveillance la plus extrême jamais adoptée dans une démocratie

C’est une nouvelle loi sur le renseignement qui vient d’être votée par le Parlement britannique. Certains la désignent comme la loi de surveillance la plus extrême jamais adoptée dans une démocratie et il ne reste plus que l’aval de la Reine pour que celle-ci entre en vigueur.

« Investigatory Powers Act » : tel est le nom donné à cette nouvelle loi qui sera très probablement mise en vigueur prochainement au Royaume-Uni. Surnommée « Snoopers » Charter » (la charte des fouineurs), cette loi crée « un cadre légal qui autorise les acteurs d’États à pénétrer illicitement dans les appareils, réseaux et services, et ce même largement. Il permet de maintenir d’immenses bases de données d’informations personnelles sur les citoyens britanniques, y compris ceux qui ne sont soupçonnés d’aucun crime. Il force également les entreprises à déchiffrer des données à la demande. […] Il exige également que les fournisseurs d’accès et les opérateurs conservent un historique de tous les services numériques auxquels leurs utilisateurs se connectent, et ce pendant un an », comme le décrit le site TechCrunch.

Le projet de loi avait été lancé par l’actuelle Première ministre britannique Theresa May alors qu’elle était encore ministre de l’Intérieur en 2012. S’il a au départ suscité de vives inquiétudes de toutes parts, il a néanmoins pu être facilement validé par le Parlement dans une étonnante quasi-indifférence générale. Pourtant, « il marque un durcissement sévère de la surveillance et légalise des pratiques déjà exercées, en dehors de tout cadre juridique, par les services de renseignement », écrit Le Monde. Pour le célèbre lanceur d’alerte Edward Snowden, ancien de la NSA, « le Royaume-Uni vient de légaliser la surveillance la plus extrême de l’histoire des démocraties occidentales. Elle va plus loin que certaines autocraties », écrit-il sur Twitter.

En effet, cette nouvelle loi institutionnalise en quelque sorte le piratage puisque les services de renseignement et la police pourront être autorisés à pirater ordinateurs, mobiles, réseaux et serveurs avec un mandat. Comment expliquer l’indifférence générale dans laquelle cette loi a pu être votée ? Pour le Guardian, cela s’explique par « l’apathie du public et une opposition en lambeaux ».