Afrique : la sécheresse est-elle source de conflits sociaux et politiques ?

Un chercheur français est parvenu à établir un lien statistique entre des conditions météorologiques de sécheresse et des troubles sociopolitiques qui se sont produits en Afrique subsaharienne

Si le lien entre sécheresse et des conflits tels que les guerres en Syrie et au Soudan était déjà connu, il s’agissait d’un constat empirique établi par l’expérience et l’observation. Pour la toute première fois, des données météorologiques ont été corrélées à celles de conflits sociopolitiques afin d’établir un important lien statistique.

Ce lien a été établi par l’équipe d’économistes du chercheur français Jeremy Lucchetti de l’Université de Genève (Suisse), des recherches ayant fait l’objet d’une publication dans le Journal of Environmental Economics and Management le 6 juin 2017. Les chercheurs ont croisé les données du Social Conflict Analysis Database (SCAD), répertoriant 1800 éléments d’émeutes survenus entre 1990 et 2011 en Afrique Subsaharienne et celles du Standardised Precipitation-Evapotranspiration Index (SPEI), un indice relatif à la différence entre les précipitations par mois et la quantité d’eau qui s’évapore, et ce, sur des carrés de cinquante kilomètres de côté d’une région donnée.

Les chercheurs sont arrivés à la conclusion qu’un mois de sécheresse augmentait le risque d’émeute de 10 %. Dans le cas d’une combinaison de la sécheresse à d’autres éléments tels qu’une forte densité de population, la présence de plusieurs ethnies différentes dans la même zone ou encore des réserves d’eau potable réduites, ce risque grimpait à 50 %, à savoir que dans les régions les plus agricoles, cette même probabilité affichait 300 % d’augmentation des risques.

« Il s’agit aujourd’hui d’utiliser ces données afin de regarder en détail quels mécanismes les institutions politiques pourraient mettre en place afin d’éviter le déclenchement d’émeutes comme l’établissement de mécanismes redistributifs vers les zones touchées par des sécheresses »,
explique Jeremy Lucchetti dans un communiqué de l’Université de Genève.

Bien que favorisé par d’autres éléments, il s’avère que le lien entre sécheresse et émeute est clairement établi. Les chercheurs ont pu se rendre compte que les conflits éclataient souvent dans le même mois que le début des pénuries d’eau, un problème impactant à la fois l’économie, l’agriculture et la santé.

Sources : EurekAlert! – Science & Vie