Inde : bienvenue à Mawlynnong, le village où le plastique est banni

Mawlynnong est considérée comme la localité la plus propre du continent asiatique. Ici, le plastique est banni, les chemins sont propres et des fleurs ornent les allées.

Cette vision est à l’extrême opposé de celle qu’offrent les grandes villes bruyantes et polluées d’Inde. Dans le village de Mawlynnong, situé dans une région montagneuse du nord-est indien (près de la frontière nord du Bangladesh), le calme règne. Ce petit coin de paradis situé dans l’état du Meghalaya n’était accessible que par voie piétonne, et ce jusqu’en 2003.

Credit: Localisation du village de Mawlynnong (capture Google Maps)

« Nous nettoyons tous les jours parce que nos grands-parents et nos ancêtres nous ont appris comment nettoyer le village et les environs, parce que c’est bon pour notre santé » explique à l’AFP la jeune Baniar Mawroh, assise devant la maison de sa famille.

L’Inde fait face, dans ses grandes villes, à un réel problème quant aux déchets produits jonchant les rues et les décharges à ciel ouvert, la faute à un cruel manque d’organisation et d’éducation. La jeune fille ajoute :

« À chaque fois que nous trouvons des ordures, nous les jetons à la poubelle, et à l’école, dès l’âge de trois ans, on nous apprend à garder le village propre »

En effet, à Mawlynnong, se trouvent à chaque intersection (ainsi qu’à l’entrée du village) des paniers de bambou faisant office de poubelle. La réglementation locale est clairement indiquée par un grand panneau, priant entre autres les visiteurs de remporter avec eux leurs propres déchets.

« Un journaliste du magazine Discover India, venu en visite, a titré son papier en parlant du +village le plus propre d’Inde+ puis plus tard du +village le plus propre d’Asie+ », explique Rishot Khongthohrem, instituteur de 51 ans.

Il se trouve que depuis une dizaine d’années, les visiteurs se font de plus en plus nombreux, ce qui a été rendu possible après la construction d’une route menant au village en 2003 après sa popularité nouvelle. Le conseil du village avait naturellement tenté d’anticiper un potentiel afflux de touristes.

« Je ne m’attendais pas à ce que mon village devienne si connu et j’en suis très fier » indique l’instituteur, également propriétaire d’une maison d’hôtes.

Entre 2005 et 2007, cet homme a été chargé par le conseil du village de l’accueil des visiteurs. Selon lui, il aurait investi la somme d’environ 300.000 roupies (soit environ 4200 euros) sur ses propres deniers afin de faire construire cette maison d’hôtes (la première du village), mais également d’embaucher des jardiniers qui ont pour tâche d’embellir Mawlynnong.

Mawlynnong est habité par des Khasis, une communauté ayant une caractéristique plutôt rare : le nom de famille se transmet à travers les femmes. Mais surtout, il y existe une obsession pour la propreté et cela ne date pas d’hier : une épidémie de peste avait frappé le village il y a 130 ans et les habitants ont gardé et transmis leurs « bonnes habitudes » nées des conseils donnés par les missionnaires chrétiens de l’époque.

« Le lien social qui unissait le village est en train de se désintégrer, ce qui est regrettable. Il n’y a plus de vie privée. Une femme se fait photographier pendant qu’elle lave son linge » explique Laloo, qui travaillait en 2003 pour Meghalaya Tourism Development Forum (organisation liée à la promotion du tourisme).

Une telle popularité naissante s’accompagne souvent d’un tourisme de masse mettant à mal l’environnement, bien que ce ne soit pas le cas ici, mais également la vie privée (intrusion des touristes, pollution sonore). Ainsi, durant son développement touristique, les villageois ont été prévenus de la nécessite de limiter le nombre de visiteurs afin de préserver leur mode de vie.

Voici le reportage de l’AFP effectué à Mawlynnong :

Sources : AFP, Euronews – Le Télégramme