Une douceur virale au cœur de la controverse
Depuis quelques mois, une tablette de chocolat fourrée à la pistache, surnommée le « Chocolat Dubaï », fait sensation sur les réseaux sociaux et dans les boutiques de confiserie. Mais derrière ce succès sucré se cache une stratégie de communication savamment orchestrée, mêlant marketing, soft power et, peut-être, une pincée de polémique géopolitique.
À première vue, il s’agit d’une tablette somme toute classique. Pourtant, à la première bouchée, un coulis vert vif à la pistache jaillit, rappelant le luxe clinquant et le style audacieux souvent associés à Dubaï. Créée en 2021 par Fix Dessert Chocolatier, une enseigne basée dans l’émirat, cette friandise n’est pas qu’un dessert : c’est une expérience multisensorielle, selon les mots de Sarah Hamouda, fondatrice de la marque.
Une popularité fulgurante alimentée par les réseaux sociaux
Le chocolat Dubaï est rapidement devenu une sensation virale, grâce à des vidéos de dégustation cumulant des millions de vues sur TikTok et Instagram. Ces images ont provoqué un engouement mondial, poussant certains consommateurs à débourser des sommes astronomiques pour se procurer la tablette, parfois revendue à plus de 100 francs suisses sur des plateformes en ligne.
Mais la frénésie ne s’arrête pas là. À Berlin, un confiseur local a lancé sa propre version de la tablette. Aux États-Unis, même des boulangeries traditionnelles, comme une enseigne polonaise vieille de 120 ans, se sont inspirées de cette tendance. La chaîne Baskin-Robbins a également intégré cette saveur dans son offre, preuve de l’impact mondial de ce phénomène sucré.
Une imitation controversée : le cas Lindt
Face à cet engouement, des marques réputées ont tenté de capitaliser sur cette popularité. En Suisse, Lindt, géant du chocolat, a lancé sa propre version de la fameuse tablette, provoquant des files d’attente interminables devant ses boutiques. Pourtant, cette initiative a suscité des critiques, notamment en Allemagne, où des importateurs du « véritable » chocolat Dubaï accusent Lindt d’induire les consommateurs en erreur en proposant un produit qui ne provient pas de l’émirat.
Cette controverse a pris une tournure juridique, certains dénonçant une concurrence déloyale. À cela s’ajoute l’ironie du prix : avec un coût atteignant parfois 100 euros le kilo, ce chocolat rivalise avec les produits gastronomiques les plus luxueux, sans pour autant offrir une qualité gustative unanimement reconnue.
Soft power et enjeux géopolitiques
Au-delà de la gourmandise, le succès de ce chocolat met en lumière des enjeux plus larges. Dubaï, à travers des initiatives comme celles de Fix Dessert Chocolatier, semble utiliser le chocolat comme outil de soft power, visant à promouvoir une image glamour et moderne de l’émirat. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus vaste, visant à diversifier l’économie et à renforcer l’attractivité touristique de la région.
Cependant, cette stratégie n’est pas exempte de critiques. Certains observateurs soulignent le contraste entre cette image sucrée et la réalité politique et sociale des Émirats arabes unis, où les droits humains sont régulièrement pointés du doigt. Pour ces critiques, chaque tablette achetée ne fait pas seulement écho à une gourmandise, mais également à un soutien implicite à un régime controversé.
Une gourmandise qui divise
Malgré les polémiques, le chocolat Dubaï continue de séduire un public international. Si certains y voient une innovation culinaire excitante, d’autres dénoncent un symbole de consumérisme débridé. Les avis sont tout aussi tranchés sur le goût : si les fans louent une explosion de saveurs, d’autres, comme les testeurs du site suisse Galaxus, jugent l’expérience décevante.
Le phénomène du chocolat Dubaï montre comment un simple produit alimentaire peut transcender sa fonction première pour devenir un objet culturel et politique. En fin de compte, la question reste ouverte : ce chocolat est-il une révolution gourmande ou une opération de marketing savamment déguisée ? À chacun de se faire son avis, mais avec modération… et peut-être un brin de recul.