Coton labellisé « BCI » : corruption, travail forcé et pesticides

Élise Lucet et son équipe sont encore allés très loin dans le cadre de leur travail d’investigation pour réaliser la dernière émission de Cash Investigation, « Coton : l’envers de nos tee-shirts », diffusée le 28 novembre 2017 sur France 2. De très nombreuses marques françaises et étrangères de vêtements adhèrent au label BCI, « Better Cotton Initiative », qui promeut le respect des hommes et de l’environnement. En réalité, ce qui se cache derrière cette étiquette relève de l’aberration.

« Honnêtement, vous n’avez pas l’impression que ce logo pourrait tromper le consommateur ? »

C’était la question d’Élise Lucet à la directrice de l’ONG « Better Cotton Initiative », qui n’a pas vraiment su se justifier. Avec le label BCI, que de nombreuses marques ont adopté (Carrefour, Zara, Bershka, Okaïdi, etc.) parfois au détriment du coton bio, comme Décathlon, les consommateurs pensent acheter un coton contenant moins de pesticides et plus responsable — c’est-à-dire qui respecte l’environnement, les Droits de l’Homme et des travailleurs.

L’équipe de France 2 est allée jusqu’en Ouzbékistan et au Bangladesh pour suivre la trace du coton ouzbek et du coton BCI. Il faut savoir qu’en Ouzbékistan, le coton est obtenu à la sueur du travail forcé. Même le personnel hospitalier et les jeunes sont obligés d’aller cueillir le coton à la main dans les champs. Ensuite, le coton est vendu sans étiquette afin qu’on ne puisse pas tracer sa provenance et il peut être vendu comme du coton BCI par exemple. L’origine du coton est quant à elle facile à inventer lorsqu’il s’agit de l’indiquer sur l’étiquette des vêtements, même si cela est illégal, la corruption facilite les possibilités dans ce secteur.

Les adhérents au label BCI ont pour obligation d’acheter du coton BCI mais ne sont pas forcés de l’utiliser, cela signifie que les vêtements en coton BCI peuvent contenir des pesticides en tout genre et que la provenance de ce coton n’est pas tracée, il pourrait donc s’agir de coton ouzbek.

La création du label BCI a par ailleurs eu un effet pervers sur l’économie, sur l’environnement et sur la santé des agriculteurs puisque la production mondiale de coton biologique a chuté ces dernières années, au moment où le label BCI a commencé à avoir du succès. En effet, le label BCI n’impose pas l’interdiction des pesticides et des OGM, donc les producteurs de coton qui s’étaient mis au bio abandonnent désormais le bio pour l’agriculture conventionnelle, qui leur permet de doubler leurs revenus. De même, ce label n’interdit pas le travail des mineurs, très commun au Bangladesh et dans d’autres pays producteurs de coton.

 

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