Espagne : démantèlement d’un important trafic de déchets électroniques toxiques

déchets electroniques
Crédits : pic_studio / iStock

Au tout début de l’année 2023, les autorités espagnoles aux îles Canaries ont effectué une grosse prise. La Garde civile a en effet démantelé une organisation qui a déjà expédié pas moins de 5 000 tonnes de déchets électroniques vers plusieurs pays d’Afrique. Outre la fraude, la question environnementale se trouve évidemment au cœur de cette affaire.

Une importante organisation mise hors course

En 2021, un groupe d’experts internationaux avait réalisé une évaluation suggérant que les déchets d’équipements électroniques et électriques (DEEE) allaient totaliser environ 57,4 millions de tonnes sur l’année. Or, il s’agit d’une masse supérieure à celle de la muraille de Chine, la construction humaine la plus lourde de la Terre. Alors que la quantité de DEEE continue d’augmenter à l’échelle globale, ces déchets font également l’objet de trafics depuis des années.

Comme l’explique l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) dans un article du 6 janvier 2023, les douanes et la Garde civile espagnole ont récemment démantelé ensemble une organisation criminelle qui a réussi à expédier plus de 5 000 tonnes de déchets électroniques toxiques vers l’Afrique en deux ans, et ce, pour un bénéfice de plus d’un million et demi d’euros. Les principaux pays destinataires étaient le Ghana, la Mauritanie, le Nigeria ainsi que le Sénégal.

Dans un communiqué officiel, la garde civile espagnole a évoqué une énorme saisie de 300 tonnes de déchets prêts à être envoyés dans pas moins de quatorze containers. Les criminels ont présenté ces objets à leurs acheteurs comme des articles d’occasion alors qu’il s’agissait en réalité de déchets.

containers
Crédits : Bruno Giuliani / iStock

Un contexte difficile

Ces rebus contiennent des substances et des gaz capables de dégrader la couche d’ozone et de contribuer au réchauffement climatique. Dans la liste des substances présentes, nous retrouvons l’arsenic, le cadmium, le mercure, le phosphore et le plomb.

Ainsi, les déchets en question auraient dû finir leur course au sein d’une entreprise de traitement des déchets certifiée pour leur décontamination. Dans cette affaire, les enquêteurs ont révélé que le réseau criminel pouvait justement compter sur des entreprises autorisées, fournissant à ces derniers des documents officiels. Or, ce genre de détail rend la détection de ces agissements plus difficile.

Enfin, la lutte contre ce genre de trafic pourrait être de plus en plus importante dans un contexte où sur des dizaines de milliards de tonnes de déchets électroniques produites chaque année, seulement 20 % sont recyclés dans le respect des règles. Le reste se retrouve souvent dans les pays en développement, polluant les nappes phréatiques et exposant les populations locales à diverses maladies.