Pour la Journée mondiale des abeilles, des apiculteurs du Midi-Pyrénées ont eu une idée aussi originale que dérangeante. En effet, ceux-ci ont expédié des enveloppes contenant des spécimens morts au Président de la République ainsi qu’à plusieurs ministres.
Rappeler à l’État son inaction
À l’origine de cette idée, nous retrouvons le syndicat des apiculteurs de Midi-Pyrénées, comme l’a dévoilé un reportage de France 3. À l’occasion de la deuxième journée mondiale des abeilles du 20 mai 2019, les courriers macabres expédiés aux officiels rappellent que, dans notre pays, environ 67 millions d’abeilles meurent chaque jour. Ces mêmes courriers commencent tous de la même façon :
« Si les abeilles votaient, sachez que votre électorat disparaîtrait toutes les 24 heures. »
Les courriers ont plusieurs objectifs, à savoir dénoncer l’inaction de l’État face à la surmortalité des abeilles et soulever certains points encore aujourd’hui très flous. Il s’agit de la fin du glyphosate (dans trois ans ?), d’une information claire concernant les pesticides en France, des aides à destination des agriculteurs biologiques ou des apiculteurs sinistrés. Il est également question de la destruction des nids de frelons asiatiques et de la dispersion de milliers d’hectares d’OGM actuellement en France. Par ailleurs, le syndicat dénonce de récentes dérogations à l’interdiction portant sur l’utilisation d’insecticides néonicotinoïdes au niveau de trois cultures : la figue, la noisette et le navet.
Les chiffres liés à ce déclin
Une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet en 2015 alertait déjà de l’influence des abeilles sur la mortalité mondiale. Selon les chercheurs, leur disparition engendrerait la mort de près de 1,4 million de personnes ! Cela passerait par la perte estimée de 23 % des fruits et de 16 à 23 % des légumes. Il est aussi question d’une augmentation de la mortalité mondiale d’environ 3 % et de carences multiples chez plus de trois milliards de personnes. Il y a quelques mois, un rapport de l’Anses traitait des pesticides en France qui auraient entraîné durant l’hiver 2018 la mort de près d’un tiers des colonies d’abeilles françaises.
Les pesticides néonicotinoïdes sont connus pour entraver les fonctions cérébrales des insectes pollinisateurs et donc, limiter le processus de pollinisation. Une étude publiée en 2017 a analysé 198 échantillons de miel et les conclusions sont alarmantes. Selon les résultats, 75 % contiendraient des traces de pesticides et 34 % en concentration assez élevée pour afficher une nocivité pour les abeilles. Il y a quelques mois, un rapport de l’Anses traitant des pesticides en France indiquait que durant l’hiver 2018, près d’un tiers des colonies d’abeilles françaises ont disparu.
Quant au frelon asiatique, il s’agit de l’un des prédateurs les plus redoutables pour les abeilles. En 2018, un documentaire diffusé par la chaîne National Geographic WILD montrait comment une trentaine de frelons asiatiques pouvaient décimer une ruche de 30 000 abeilles en seulement quelques heures.
Sources : France 3 – PositivR – Creapills
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