Quand le ciel s’illumine : le mystère des lucioles spatiales qui inquiètent les scientifiques

L’ISS : Une fenêtre unique sur un phénomène troublant

L’astronaute américain Don Pettit, en mission à bord de la Station spatiale internationale (ISS), a récemment capturé des images intrigantes d’éclats lumineux traversant l’obscurité de l’espace. Ce ballet visuel, surnommé « lucioles cosmiques », semble appartenir à un conte de science-fiction, mais sa réalité est bien plus préoccupante.

Ces flashes lumineux ne sont ni des phénomènes naturels ni des manifestations extraterrestres. Ils proviennent des satellites Starlink, un projet massif de méga-constellation mené par SpaceX. Si ce spectacle fascine, il met également en lumière des défis importants pour les sciences de l’observation et l’environnement.

Une explosion de satellites en orbite basse

À ce jour, SpaceX a lancé plus de 6 800 satellites Starlink en orbite terrestre basse. Ce nombre devrait atteindre 12 000 dans les prochaines années, avec une ambition annoncée de 40 000 engins en orbite. D’autres entreprises, telles qu’Amazon avec sa constellation Kuiper ou la Chine avec le projet Qianfan, envisagent également de suivre cette trajectoire.

Ces satellites, conçus pour fournir une couverture Internet globale, agissent comme autant de miroirs réfléchissant la lumière solaire. Résultat : un ciel nocturne de plus en plus éclairci, rendant difficile le travail des astronomes. Selon une étude publiée par l’Union astronomique internationale (IAU), l’éclat de ces satellites augmente le fond de luminosité du ciel jusqu’à 10 %, compromettant les observations des galaxies lointaines et des étoiles peu lumineuses.

Les interférences radio : un obstacle supplémentaire pour la science

Les émissions radio des satellites Starlink, nécessaires pour leur communication, aggravent également le problème. Ces signaux brouillent les radiotélescopes terrestres, des instruments essentiels pour détecter les ondes émanant d’objets lointains, comme les trous noirs ou les exoplanètes.

Selon une étude de l’Institut néerlandais de radioastronomie (ASTRON), les satellites de nouvelle génération (Starlink V2) émettent des interférences radio 32 fois plus puissantes que leurs prédécesseurs. Jessica Dempsey, directrice de l’ASTRON, souligne : « Chaque lancement ajoute une barrière supplémentaire entre nous et le cosmos, nous privant des fenêtres de découverte uniques. »

Pollution lumineuse, radio et risques pour l’atmosphère

Outre les impacts directs sur la recherche astronomique, la multiplication des satellites pose des questions environnementales majeures. En fin de vie, ces appareils brûlent dans l’atmosphère terrestre, libérant des substances chimiques potentiellement nocives. Une étude publiée par Nature Astronomy indique que ces débris pourraient contribuer à une altération de la couche d’ozone, déjà fragilisée par les activités humaines.

Des experts issus d’institutions prestigieuses, comme le Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, appellent désormais à un moratoire sur les lancements de satellites commerciaux jusqu’à ce qu’un audit environnemental approfondi soit réalisé.

Quelles solutions pour préserver le ciel nocturne ?

SpaceX affirme avoir pris en compte les préoccupations des astronomes, notamment en ajoutant des revêtements absorbants à certains de ses satellites pour réduire leur réflexion. Cependant, ces mesures semblent insuffisantes face à l’ampleur du problème.

L’Union européenne et des organisations internationales appellent à l’élaboration d’une réglementation mondiale stricte pour limiter le nombre de satellites en orbite et atténuer leur impact. Parmi les pistes envisagées, la mise en place d’orbites spécifiques dédiées aux constellations commerciales ou encore le développement de satellites plus petits et moins lumineux.

Une beauté trompeuse

Depuis l’ISS, les lucioles cosmiques offrent un spectacle poétique. Mais au sol, elles symbolisent les défis d’un espace de plus en plus saturé. Alors que les ambitions spatiales des entreprises privées et des gouvernements se multiplient, il devient urgent de concilier développement technologique et préservation de l’univers que nous partageons.

En savoir plus :