Un jeune diplômé élabore un projet touchant un appareil ayant sa place dans grand nombre de nos foyers. Quelles sont les motivations du concepteur de la machine à laver qui devrait durer 50 ans ?
« L’obsolescence programmée dicte notre consommation d’objets, elle permet d’entretenir une production, mais aussi de faire croître à l’envi cette production et l’économie, souvent dans l’irrespect le plus total des ressources, des consommateurs et de la planète », déclare Julien Phedyaeff, diplômé de l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle.
Le concept « do it yourself » a été créé en opposition à l’obsolescence programmée. Julien Phedyaeff désire lutter grâce à « l’Increvable » contre les industriels qui orchestrent ce trop rapide renouvellement de la consommation de masse représenté par les marchés de l’électroménager, de l’informatique et de la Hi-fi entre autres.
« L’increvable propose une alternative aux dérives de l’obsolescence programmée. Je réévalue à travers cette marque la condition de certains objets de grande consommation, objets qui répondent au concept d’objets stables », ajoute Julien Phedyaeff.
Le but est d’offrir un appareil longue durée à construire soi-même, tout comme IKEA, mais également réparable soi même et évolutif. Pour les moins bricoleurs, Julien Phedyaeff envisage « un accompagnement au montage » par des professionnels qui « aurait aussi l’avantage de créer de l’emploi local », propos publiés par Libération le 25 mars 2015. En effet, l’utilisateur pourra se rendre sur internet afin d’y trouver de l’aide.
La machine à laver est un appareil du quotidien équipant 90 % des foyers français, mais disposant d’une durée de vie faible pour un objet aussi indispensable : 10 ans en moyenne. Les objectifs sont clairement d’éviter les pannes dites « irréparables » dont la réparation coûte aussi cher qu’une machine neuve et obligeant l’usager à la changer.
« L’idée était de faire une base saine, solide et améliorable, une machine à laver aura toujours besoin d’un tambour, d’un hublot, d’un bâti en tôle, d’une cuve, d’une pompe, d’un moteur. Mais on peut proposer le choix entre un moteur standard et un moteur à induction qui coûte un peu plus cher, par exemple. Ou décider d’inclure un écran tactile ou pas », explique Julien Phedyaeff.
Il décide de remplacer les 30 kilos de lest en béton par un réservoir se remplissant d’eau lors de la première mise en marche et d’intégrer une possibilité de personnaliser la façade de la machine ou encore le hublot. Le concepteur assure également une réduction de 20 % du volume d’emballage et une absence de frais de montage : une démarche écologiste et fonctionnelle.
Le concept de machine à laver du jeune diplômé présenté en juin dernier a obtenu les félicitations du jury avant de se voir décerner un label de l’Observeur du design 2015, prix organisé par l’Agence pour la promotion de la création industrielle. Son concept plait, mais il s’agit de finir par une mise au point technique : « par exemple, avoir un réservoir d’eau de 30 kilos pour lester la machine, c’est très bien, mais il faut trouver le moyen de garantir une étanchéité totale […] je ne suis pas non plus ingénieur », se dit Julien Phedyaeff dont le téléphone n’a jamais autant sonné.
Voici une vidéo montrant le projet sous forme de mode d’emploi :
Sources : L’Express — We Demain — Libération