Cambodge : une énorme décharge où survivent 2000 personnes

Un photojournaliste britannique s’est récemment rendu au Cambodge où des habitants locaux vivent d’une décharge géante à ciel ouvert tout en contribuant à 75 % du recyclage des déchets issu de l’espace urbain.

« Je veux que mon travail reflète non seulement mon point de vue, mais aussi celui des communautés concernées » déclarait le photojournaliste Nigel Dickinson pour le magazine We Demain, à l’occasion de la biennale du Fotofest 2016 qui se déroule du 18 au 30 mars à Houston, Texas (États-Unis).

Nigel Dickinson, dont les sujets préférés sont la culture, l’identité, la condition humaine et l’environnement, est l’auteur d’une série de photos intitulée « Smokey mountain » effectuée au Cambodge dans la capitale Phnom Penh. Cette appellation, issue de l’originale « Stoeung Meanchey », est le surnom donné à une décharge géante présente en ville, d’où émane une épaisse fumée issue de l’incinération des déchets.

« En Asie, des communautés entières se sont développées autour de cette industrie, qui gère aujourd’hui 75 % des déchets urbains » indique le photojournaliste.

Ici « travaillent » environ 2000 personnes, dont 600 enfants qui arpentent les montagnes d’immondices, et ce dans le but de trier et collecter les déchets. Ces derniers sont ensuite revendus aux centres de recyclage, évidemment pour une bouchée de pain : un dollar par jour. De plus, toute la filière autour de la décharge est en pleine crise.

Ces hommes, femmes et enfants travaillent même durant la nuit, tels des mineurs. Le plus frappant, c’est que cette population vit quotidiennement au milieu de la décharge. Ils y dorment et mangent, au-delà du labeur quotidien, accommodé en permanence par la fumée toxique, et ce dans une indifférence générale.

« Ce système de recyclage informel présente des intérêts environnementaux et économiques : la réduction de l’amoncellement des déchets, la préservation des ressources naturelles. C’est aussi une corde de sauvetage lancée à des populations parmi les plus pauvres du monde. »

Mais que penser de ces personnes constamment exposées aux déchets ? Des conditions de vie indécentes aux problèmes de santé récurrents, auxquels il est possible d’ajouter une espérance de vie gravement écourtée. Selon Nigel Dickinson, cette situation « n’a pas le droit d’être ignorée ».

Cette série de clichés a reçu un succès mérité, ayant raflé notamment le prix de l’exposition individuelle Photolucida’ s Critical Mass. La série Smokey Mountain fera par ailleurs prochainement l’objet d’un livre.

Voici des clichés issus de la série Smokey Mountain de Nigel Dickinson, accompagnés par un court métrage sur les enfants de la décharge diffusé sur la chaine YouTube de l’illustre Nicole Sicard, une sorte de « Mère Thérésa » française ayant passé près de 50 ans en Asie, au Laos, aux Philippines et à Hong Kong.

Sources : We Demain – Quart Monde

Crédit photos : Nigel Dickinson