Actuellement, le pays le plus peuplé au monde stocke des quantités phénoménales de denrées alimentaires. Or, cette frénésie n’est absolument pas le fruit du hasard. En effet, l’un des principaux greniers à céréales de la Chine voit sa fertilité baisser d’année en année.
Un véritable problème national
Actuellement, la guerre en Ukraine laisse planer l’ombre d’une altération de la sécurité alimentaire dans de nombreux pays. Il faut dire que les terres arables ukrainiennes (les tchernozioms) représentent le grenier à blé du pays, dont une partie de la production se destine à l’exportation. En Chine, les terres particulièrement fertiles de la province du Heilongjiang, dans le nord-est du pays, font face à un autre problème : une baisse de la fertilité. Selon un article publié sur le portail 163.com de la société Internet chinoise NetEase, les terres du Heilongjiang sont exploitées massivement depuis des années. Aussi, cette baisse progressive de la fertilité représente un véritable problème pour la Chine et ses 1,4 milliard d’habitants.
Il faut dire que les terres en question sont le grenier à blé du pays. En effet, la province produit du blé sur une surface de 43 millions d’hectares, ainsi qu’un cinquième du riz chinois. Selon les spécialistes de l’Académie chinoise des sciences, les terres du Heilongjiang ont déjà perdu 20 % de leur fertilité.
Un stockage frénétique depuis deux ans
En Chine, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre et les médias locaux soulignent l’importance nationale de ces terres. Un dirigeant du Parti communiste chinois (PCC) a affirmé sur la chaîne CCTV qu’il était crucial de maintenir la fertilité des terres du Heilongjiang. Parmi les mesures annoncées, nous retrouvons l’introduction de lourdes amendes pénalisant la vente et le vol de terre noire. Certains agriculteurs vendent en effet de la terre fertile afin de faire du profit. Or, c’est illégal et cela nourrit un marché noir international.
Depuis le début du XXe siècle pourtant, le gouvernement a lui-même encouragé l’utilisation ultra massive des terres du Heilongjiang. En ayant démocratisé l’utilisation d’engrais lourds et d’imposantes machines dans les champs, le gouvernement, qui désirait pourtant stimuler la production alimentaire, a donc visiblement sans le vouloir orchestré cette perte de fertilité durant des décennies.
Depuis l’arrivée de la pandémie de Covid-19 début 2020, la Chine accumule et stocke massivement du riz, des céréales ainsi que d’autres denrées alimentaires. Cette frénésie a redoublé avec la survenue de la guerre en Ukraine début 2022, mais il existe d’autres raisons. Au-delà de la perte de fertilité des terres du Heilongjiang, il est question d’une désertification des terres agricoles à l’échelle nationale et d’inondations massives. La Chine doit donc limiter ce qui serait une menace à la production alimentaire nationale. Rappelons toutefois que le contexte mondial n’est pas plus réjouissant puisque l’humanité disposerait de seulement 73 jours de réserves de céréales.