Alors que le dérèglement climatique est plus que jamais à l’œuvre, le monde fait face à une problématique importante concernant la sécurité alimentaire. En effet, l’humanité possède seulement 73 jours de réserves de céréales. Selon les experts, il s’agit d’une raison supplémentaire pour passer aux protéines végétales.
Un contexte très préoccupant
Steve Howard est le Directeur du développement durable chez Temasek, une firme basée à Singapour. Interrogé par la chaîne CNBC le 8 juin 2022, il explique que les aléas du climat engendrent de plus en plus de difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires dans certaines parties du monde, en particulier en Asie du Sud Est.
Selon l’expert, les réserves actuelles de céréales peuvent subvenir aux besoins mondiaux durant seulement 73 jours, soit à peine deux mois et demi. De plus, les personnes ayant de faibles revenus sont les plus vulnérables face à la hausse des prix de l’alimentation. Dans ce contexte préoccupant, certains pays ont adopté une politique de protectionnisme alimentaire en limitant ou en bloquant les exportations. Par exemple, l’Indonésie tente de protéger son huile de palme et la Malaisie, ses poulets. L’objectif est pour ces pays de garantir leur approvisionnement intérieur.
Pour Steve Howard, l’heure est la prise de décision, à l’échelle des pays, mais également individuelle. Or, l’étape obligatoire qui permettrait de remédier à la situation serait d’adopter un style alimentaire davantage tourné vers les végétaux.
Adopter des mesures fortes
Il faut savoir que moins de 20 % des calories que consomme l’humanité proviennent des animaux d’élevage. Or, ces mêmes animaux utilisent de manière directe ou indirecte jusqu’à 80 % des terres agricoles. Le fait est que sur certains marchés, plus des trois quarts des céréales se destinent à l’alimentation des animaux d’élevage. En ajustant notre régime alimentaire pour y intégrer plus de protéines d’origine végétale, il serait possible de détourner de l’élevage ces denrées directement consommables. Pour Steve Howard, une telle mesure pourrait largement contribuer à renforcer la sécurité alimentaire mondiale.
Toutefois, changer notre régime alimentaire n’est pas suffisant. Garantir l’approvisionnement alimentaire mondial passera également par d’autres mesures comme assurer une plus grande diversité des cultures. Citons aussi l’usage de nouvelles technologies, notamment au niveau de l’énergie, afin d’augmenter les rendements.
Enfin, au rayon des mesures possibles, évoquons le développement et la mise en culture de nouvelles protéines végétales, un champ de recherche auquel s’intéresse notamment la NASA. La start-up Nature’s Fynd cultive quant à elle un champignon extrémophile, le Fusarium strain flavolapis. Il s’agit d’une source inédite de protéines non animales à la fois nourrissante et facile à produire.