Après que la Chine ait annoncé le confinement pour limiter la propagation du virus, d’autres régions du monde l’ont suivi : Europe, Amérique, Océanie… Dans le monde, l’économie tourne au ralenti, et les trafics aériens et routiers sont également réduits. Depuis février la NASA observe une baisse du monoxyde de carbone de 30 à 45 % en Chine. Mais est-ce que cet apaisement mondial au niveau des émissions de gaz à effet de serre est réellement bénéfique pour le climat et l’environnement ?
Une économie à l’arrêt, un trafic routier et aérien en chute
À cause du confinement, les industries sont presque toutes à l’arrêt. Dans la zone euro, un indice 50 est utilisé pour définir l’état de l’économie. Or, en mars dernier, l’industrie manufacturière est tombée à 45,5, un chiffre bas qui n’avait pas été recensé depuis huit ans. Cette baisse de l’économie est bien évidemment en lien avec la diminution du fonctionnement des usines et d’autres activités, ce qui permet aussi de réduire la pollution que créent ces dernières.
Levels of carbon monoxide were 30-45% lower in the atmosphere in China in February and early March, compared to the same period in 2019. Measurements were made by @NCAR_Science using data from @NASA and @ESA satellites.https://t.co/GbD0dhxkt8 pic.twitter.com/kKcFFWXK2m
— NASA Earth (@NASAEarth) March 27, 2020
Si l’on fait une comparaison entre la dernière semaine de mars et la semaine du 22 février, on distingue une baisse de 38% du trafic routier aux États-Unis. De manière plus spécifique, selon Citymapper, nous pouvons voir par exemple que San Francisco enregistre une réduction de 54% de son réseau routier. Mais cette diminution ne se présente pas seulement en Amérique. Dans certaines métropoles d’autres pays, le trafic est en chute libre, même si certains camions de livraison continuent de faire leur travail. Le trafic de Paris était de 5% le 9 avril, alors que celui-ci était de 77% quatre semaines auparavant. Le trafic aérien est lui aussi en baisse, notamment en chine où il est à l’arrêt total. De plus, on dénombre seulement 15% du trafic via voies ferroviaires.
Est-ce vraiment bénéfique pour la planète et le climat ?
Les émissions de gaz à effet de serre ont beaucoup diminué certes, mais selon Slate, il faudrait « que l’on reste à un niveau d’émission bas pendant une longue période pour voir la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ralentir sa progression, puis commencer à décroître ». Donc, si dans une société post-confinement, le trafic aérien et routier repart plus fort qu’avant en essayant de rattraper le temps perdu, les effets ne se sentiront pas et aggraveront peut-être même le réchauffement climatique. Sur une courte période de baisse de CO2, les effets positifs ne changeront pas grand-chose sur le climat, selon cette même source.
Par ailleurs, la chercheuse Anne-Sophie Alsif explique que cela restera positif pour l’écologie en Chine , mais ne pouvant laisser le pays sans activités, les progrès écologiques vont probablement se réduire peu à peu en suivant la relance de l’économie. Donc cette réduction de CO2 n’est pas encore assez importante pour permettre un changement positif durable sur l’environnement dans le futur et dans les années à suivre.
Un bilan tout de même positif pour l’année en cours
Mais ce que l’on peut déjà dire, c’est que cette année 2020 se sera caractérisée une émission de CO2 plus faible que celui des autres années. En 2019, 33 milliards de tonnes de CO2 ont été émises, comme en 2018. En 2020, le produit intérieur brut (PIB) va diminuer de près de 8% en France, comme le souligne le ministre du Budget, Gérald Darmanin. Le PIB étant fortement lié aux émissions de gaz à effet de serre (usines, trafic aérien, routier…), quand l’un diminue, cela entraîne inévitablement la baisse de l’autre. Christian de Peerthuis, fondateur de la chaîne économique du climat à Paris Dauphiné estime qu’ « avec le covid-19, une décrue historique des émissions mondiales de CO2 est amorcée».
On peut donc conclure que les émissions de gaz à effet de serre en forte diminution seront, pour le moment, bénéfiques pour cette année, car l’économie va remonter progressivement. Cela va permettre de faire descendre les chiffres recensés en 2019. Mais il ne faut pas s’attendre à des miracles sur le réchauffement climatique, car une fois l’économie repartie, il faudra réguler la consommation de CO2 mondiale pour espérer voir un jour des résultats importants, et ce, à long terme.