Une société américaine a développé le gazon des terrains de la très récente coupe du monde de football au Qatar. Entre le long voyage, les contraintes de culture et les autres règles très strictes, faire pousser et acheminer le gazon que les joueurs ont foulé s’est révélé être un véritable combat contre le temps et les éléments.
Une lourde responsabilité
La Coupe du monde de football 2022 s’est déroulée au Qatar du 20 novembre au 18 décembre 2022. Or, les organisateurs désiraient obtenir le meilleur gazon possible pour les huit stades et 81 terrains d’entraînement mis à disposition des joueurs et staffs. Comme l’explique le magazine Quartz dans un article du 15 décembre, le pays hôte avait désigné Atlas Turf International, une société basée dans l’état de Géorgie (États-Unis), pour s’en occuper. Cette société a installé sur chaque terrain sa « pelouse star », la Platinum TE Paspalum.
Selon John Holmes (PDG de Atlas Turf International), cette commande fut une énorme responsabilité. En effet, un gazon qui ne serait pas à hauteur de l’événement représenterait la pire des publicités. De plus, un terrain de mauvaise qualité peut contribuer à augmenter le risque de blessure pour les joueurs.
Durant la coupe du monde, John Holmes a observé les matchs et vérifié l’état de son gazon. Ses craintes portaient notamment sur la zone devant les buts, qui est mise à rude épreuve, ainsi que sur les coins du terrain, zones les moins ensoleillées. Par ailleurs, les conditions météorologiques difficiles au Qatar et le fait que les stades sont conçus pour offrir un maximum d’ombre (un point négatif pour la photosynthèse) ont donné du fil a retordre à la société.
Un bilan peu flatteur sur le plan écologique
En définitive, le gazon Platinum TE Paspalum aura tenu le coup. Il faut dire que ce type de pelouse a été présentée comme étant l’un des revêtements du futur, consommant le moins d’eau, à savoir entre 25 et 30 % de moins que la moyenne. Ce gazon fait également partie de ceux rejetant le moins de carbone. De plus, il est résistant aux conditions extrêmes, ce qui inclue l’air stagnant, l’insuffisance de lumière, l’eau salée, etc.
Conçu en 2007, le gazon Platinum TE Paspalum est cultivé à Adel, une petite bourgade de 5 000 habitants se trouvant à 300 km au sud d’Atlanta, dans l’État de Géorgie (États-Unis). Après trois mois, la pelouse a été récoltée, lavée, empaquetée puis expédiée direction Doha, au Qatar. Le transport s’est fait dans des containers réfrigérés par voie maritime. Les premiers envois datent de 2014, mais depuis pas moins de 138 tonnes de pelouse ont été acheminées des États-Unis au Qatar. À leur arrivée, les brins de gazon ont été plantés sur des surfaces hors des stades pour qu’ils poursuivent leur développement. Après l’apparition d’un gazon compact, les terrains ont pu recevoir leur pelouse sous forme de bandes à dérouler.
Enfin, si le gazon est plutôt écologique en lui-même, les conditions mises en place par la Qatar jusqu’à la fin de l’événement le sont beaucoup moins, notamment en raison des systèmes de climatisation. De plus, les quantités d’eau utilisées pour l’arrosage (8 300 litres par jour) sont phénoménales. En outre, si la coupe du monde s’est déroulée en hiver, les Qataris devront entretenir leur gazon durant l’été et ceci nécessitera cinq fois plus d’eau. Ajoutons enfin le fait que cette même eau est issue du dessalement et que le voyage du gazon par containers a également une empreinte carbone loin d’être négligeable.