Encore un vigneron bio devant la justice pour ne pas avoir traité ses vignes avec des pesticides

Un vigneron bio ayant refusé de se soumettre à un arrêté préfectoral l’obligeant à traiter ses vignes avec des insecticides se retrouve convoqué devant la justice le 19 mai prochain. Pris en juin 2013, l’arrêté oblige les viticulteurs à épandre un produit chimique pour lutter contre un insecte vecteur de la flavescence dorée, une maladie qui ravage les récoltes.

Thibault Liger-Belair est un vigneron qui, depuis toujours, privilégie l’agriculture bio pour son exploitation. La particularité de l’appellation Moulin-à-vent, le vin qu’il produit, est qu’elle se trouve sur deux départements : le Rhône et la Saône-et-Loire. En 2013, un arrêté préfectoral impose trois traitements aux pesticides dans les vignobles de Saône-et-Loire, mais pas dans le Rhône. Une route traverse les vignes de Thibault Liger-Belair : d’un côté, les vignes qui doivent être traitées, selon l’arrêté préfectoral, de l’autre, celles qui échappent aux insecticides parce que le département n’oblige pas au traitement. Une obligation que le vigneron juge absurde, lui qui explique faire confiance à la nature pour aider les récoltes à se développer de manière naturelle.

« La culture bio est un travail de longue haleine. Ce n’est pas parce que c’est une année difficile qu’il faut tout abandonner et revenir aux produits chimiques », explique-t-il. Par choix idéologique, Thibault Liger-Belair risque donc une lourde amende. « Quand une loi est mal faite, cela ne nous pousse pas à la suivre. On ne peut pas prendre une carte et tirer un trait rouge, sans se préoccuper des limites du vignoble. Qu’on veuille protéger nos vignobles, oui, mais qu’on le fasse intelligemment et de manière mesurée ».

Pour en revenir à la maladie de la flavescence dorée qui touche les vignes, il faut savoir qu’elle est à l’origine de pertes de récolte importantes, aux conséquences parfois irrémédiables pour la pérennité du vignoble. Elle se développe par foyers et peut se propager rapidement. La lutte, essentiellement chimique, est donc dirigée contre le vecteur de la maladie Scaphoideus titanus. Les opposants aux traitements chimiques affirment qu’il existe divers moyens de protéger les vignes contre les cicadelles, en utilisant des terres de diatomées, de l’argile kaolinite calcinée, des pièges à cicadelles qui sont attirés par la couleur orange et même des épandages de pailles d’avoine dont la forte intensité lumineuse éloignerait les cicadelles.

L’attitude de certains vignerons bio est critiquée par d’autres vignerons qui considèrent qu’ils mettent en danger toute la profession. D’ailleurs, si des centaines de personnes s’étaient mobilisées aux côtés d’Emmanuel Giboulot – un vigneron qui avait également eu affaire à la justice -, l’homme n’avait pas rencontré que des soutiens au sein de la profession, y compris chez les agriculteurs bio.

Sources : Biolaune — Basta