Espérance Banlieues : une pédagogie innovante et exigeante dans les quartiers prioritaires

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Crédits : Espérance Banlieues

« Pas de créativité sans rigueur, ni de rigueur sans créativité », disait Pierre Faure. Une philosophie qui résume bien l’esprit des écoles du réseau Espérance banlieues, où la pédagogie est considérée comme un art autant que comme une science. Aujourd’hui principalement présentes dans 17 quartiers prioritaires de France, ces écoles cultivent l’excellence avec succès : depuis plusieurs années, leurs résultats sont supérieurs à ceux constatés dans les réseaux d’éducation prioritaire. Une réussite basée sur un travail constant de recherche et d’expérimentation des meilleures méthodes d’apprentissage, assorti d’un grand pragmatisme dans le choix des outils.

Réunir et préserver des conditions favorables

Au maximum une quinzaine d’élèves par classe : telle est la réponse d’Espérance banlieues à l’incontournable question des effectifs, éternel point de friction des débats sur l’éducation. Un luxe rare mais indispensable que le réseau entend préserver afin de donner à chacun la place et le temps qu’il mérite. En effet, ces exigences sont au cœur du projet pédagogique du réseau, inspiré notamment par la figure déjà évoquée du pédagogue Pierre Faure et de son approche de l’enseignement personnalisé. S’ajoutent les méthodes de Maria Montessori fondées sur l’adaptation de l’enseignement à l’enfant, son autonomie et la préservation d’un environnement d’apprentissage paisible.

En plus d’être un moteur pour la réussite personnelle autant que pour la cohésion des groupes, les effectifs réduits favorisent une approche sensible qui joint le geste à la parole. Loin des pédagogies trop abstraites et conceptuelles, la manipulation d’objets et supports pédagogiques est privilégiée notamment dans les classes maternelles et primaires. Elle accompagne les apprentissages essentiels pour faire le lien entre réalités concrètes et savoirs théoriques, et ainsi favoriser un éveil global.

Des méthodes éprouvées et des choix avant-gardistes

Pour assurer la transmission du socle commun de compétences défini par l’Éducation nationale, les établissements hors-contrat bénéficient d’une liberté pédagogique permettant d’opter pour des méthodes innovantes. Se donnant pour mission de lutter contre le fléau de l’échec scolaire dans les quartiers difficiles, les initiateurs du réseau Espérance banlieues ont voulu aller droit au but au moment de faire leurs choix pédagogiques : qu’elles soient alternatives ou plus classiques, les méthodes choisies sont toutes éprouvées et reconnues pour leurs excellents résultats.

Ainsi, pour l’enseignement des mathématiques, c’est la méthode en vigueur dans la cité-État de Singapour qui a été choisie. Relativement peu médiatisée, celle-ci a pourtant fait la preuve de son efficacité en permettant aux petits singapouriens de se hisser sur le podium des classements internationaux depuis de nombreuses années.

Surprenant de prime abord, ce choix porte ses fruits à en juger par les résultats en mathématiques des élèves du réseau Espérance banlieues, supérieurs à la moyenne nationale au moment de l’entrée en CE1. A tel point que ce choix avant-gardiste pourrait faire des émules : alors que la méthode de Singapour était déjà à l’œuvre depuis plusieurs années dans les établissements du réseau, le mathématicien de renommée mondiale Cédric Villani (médaille Fields en 2010) et Charles Torossian en avaient souligné la pertinence dans les 21 recommandations pour l’enseignement des mathématiques remises au Ministre de l’Éducation nationale en 2018.

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Crédits : Espérance Banlieues
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Crédits : Espérance Banlieues

Des enseignants experts et un Conseil scientifique qui veille au grain 

Le corps enseignant des établissements Espérance banlieues est riche de sa diversité. Les plus jeunes, venus d’horizons divers, savent apporter un souffle nouveau en phase avec les évolutions de la société et les réalités du terrain. Et pour s’approprier les bonnes pratiques, ceux-ci peuvent désormais compter sur le soutien de 6 « enseignants référents » : ils ont été désignés pour identifier et éprouver les meilleures méthodes en vue de les transmettre à leurs pairs lors de retours d’expériences et de sessions de formation continue. Les enseignants sont enfin tenus à un suivi méticuleux de la progression des élèves et de leurs enseignements selon les préconisations du livret pédagogique du réseau.

Pour assoir la qualité et de la cohérence des innovations pédagogiques mises en œuvre dans ses établissements, le réseau Espérance banlieues s’appuie en outre sur un Conseil scientifique particulièrement exigeant. Cette instance est composée de personnalités reconnues pour leur expertise dans le domaine de l’éducation comme de Claude Thélot, ancien président du Haut Conseil de l’évaluation de l’école placé auprès du ministre de lEducation nationale, Philippe d’Iribane, ingénieur des mines et directeur de recherche au CNRS ou encore Jean-Marie Petitclerc, fondateur de l’association Le Valdocco, spécialisée dans la prévention de la délinquance et l’insertion professionnelle dans les cités. C’est ce Conseil scientifique qui passe les innovations et orientations du projet pédagogique au crible d’un référentiel rigoureux et conseille les acteurs du réseau sur les meilleures approches à adopter.

Apprendre avec ceux qui font : des partenariats innovants

Quoi de plus naturel que de découvrir la science avec ceux qui, dans le monde professionnel, la mettent quotidiennement en pratique ? Aussi évidente qu’elle puisse paraître, une telle initiative n’est pas si courante. C’est pourtant la chance qu’ont eu plusieurs classes du réseau Espérance banlieues dans le cadre de d’un partenariat noué avec le groupe BASF. Grâce aux supports pédagogiques et au matériel de laboratoire fourni par l’entreprise, les jeunes participants au Kid’s Lab ont ainsi pu découvrir le rôle des vitamines dans la coloration et l’apport nutritif des fruits et légumes grâce à plusieurs expériences ludiques. Une façon d’apprendre en faisant et de découvrir des gestes et des outils couramment utilisés par les professionnels du secteur. L’opération va être généralisée à l’ensemble du réseau.

Pour Espérance banlieues, ce type de partenariats est l’occasion de créer du lien avec les acteurs du monde professionnel présents sur les territoires où elle opère et donc de contribuer concrètement à leur cohésion. C’est aussi l’opportunité d’enrichir l’offre pédagogique en décloisonnant l’école et en mettant des savoirs et savoirs-faire encore trop peu explorés à la portée des enfants. C’est aussi le sens du partenariat que le réseau a noué avec Magic Makers, qui initie les enfants au code et à la programmation informatiques.