Vrai/faux de la mode éthique : 5 idées reçues passées à la loupe

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Crédits : Halyna Romaniv/iStock

Avec leur très bas coût, la fast fashion et l’ultra fashion se sont rapidement imposés sur le marché du vêtement en France et dans le monde, au point de redéfinir profondément notre manière de consommer. Chaque année, des milliards d’articles neufs inondent ainsi les magasins, inventant sans cesse de nouvelles modes pour pousser régulièrement à l’achat. Toutefois, la surproduction comme la surconsommation liées à ces nouveaux géants de l’industrie textile ont un coût environnemental extrêmement élevé, surpassant ainsi aisément les secteurs aérien et maritime réunis avec ses 10 % des émissions de gaz à effet de serre. Et bien sûr, à cette production à la chaîne s’ajoutent des pratiques scandaleuses (travail forcé, travail des enfants, salaires de misère, etc.). Face à cela, les achats en seconde main de même que la mode éthique (ou slow fashion) se font une place de plus en plus présente dans cette industrie.

Néanmoins, la mode éthique, qui se veut plus durable, écoresponsable et équitable, se heurte à des idées reçues qui empêchent encore de nombreux consommateurs de s’y mettre. Nous revenons donc aujourd’hui sur ces préconceptions qui empêchent d’adopter une garde-robe plus responsable.

La mode éthique, ce n’est pas tendance.

On peut penser que le secteur s’intéresse plus aux valeurs qu’il défend qu’à des critères tels que le style ou la créativité. Et les idées reçues étant fortes, les uns imagineront des habits unisexes aux designs basiques, aux couleurs monotones et dans des tissus pas très agréables à porter tandis que d’autres auront en tête un style hippie stéréotypé (un peu bohème et surtout sans forme). Néanmoins, les marques éthiques ont aujourd’hui diversifié leurs collections. Des sweats personnalisés aux couleurs vibrantes en passant par des pièces modernes, les créateurs arrivent aujourd’hui à se faire plaisir sans trahir leurs convictions ni les normes environnementales les plus strictes et à proposer des vêtements pour femme, pour homme et pour enfant qui ont du style.

slow fashion mode éthique éco-responsable durable jeans en coton biologique
Crédits : Netrun78/iStock

La mode éthique coûte trop cher.

Avec la fast fashion, on oublie vite la vraie valeur d’un vêtement et ce que sa production implique, notamment le travail engagé. Aussi, quand on compare le prix d’un t-shirt produit à bas coût dans des conditions déplorables avec un autre issu de la mode éthique, la différence peut sembler notable et on peut alors trouver inconcevable de payer autant.

Toutefois, la différence se fera sentir dans la qualité et la durabilité. Là où l’ultra et fast fashion proposent des articles mouchoirs à cinq ou dix euros qui ne durent qu’une saison avant d’être élimés et démodés, une pièce éthique bien produite qui coûte une trentaine d’euros vous durera plusieurs années, car la qualité et les matériaux nobles ont un prix. Au final, le consommateur qui consomme responsablement s’y retrouve donc sur le long terme et paiera moins cher. Cela suppose toutefois de changer ses habitudes de consommation, de pouvoir investir et de prendre son temps pour se former, au fil du temps, une garde-robe longue durée plus éthique, par exemple en commençant par des pièces indémodables (sweatshirt, sac à main, manteau, chaussures…).

Il est à noter aussi que consommer plus éthique crée un véritable cercle vertueux. Voyant l’intérêt des consommateurs, les enseignes font en effet plus d’effort pour se responsabiliser. Et avec des exemples comme le coton bio (de moins en moins onéreux et de plus en plus généralisé), on voit que cette consommation vertueuse paie. Enfin, il ne faut pas oublier que s’habiller éthique est avant tout un acte engagé.

slow fashion mode éthique éco-responsable pull plus durable
Crédits : Iryna Mylinska/iStock

Si on s’habille de manière éthique, on ne peut plus rien porter.

À mesure que l’industrie textile poursuit la recherche et les améliorations, les collections s’étoffent et permettent à présent toutes les folies. Par exemple, il existe aujourd’hui des cuirs à base de champignons qui permettent d’obtenir des accessoires tendance sans cruauté animale. La mise au point de fibres aux algues suscite aussi de nouvelles innovations tout comme de nouvelles teintures et procédés de teinture moins polluants qui apportent de la couleur et de la fantaisie dans le secteur. Exit donc les vêtements neutres et ennuyeux.

Les habits éthiques sont plus difficiles à entretenir.

Si les tissus synthétiques sont des réservoirs à microplastiques qui se libèrent dans l’eau à chaque lavage, les matières naturelles ont elles aussi une image négative qui leur colle à la peau. On entend en effet souvent que ces matières sont difficiles à entretenir. Toutefois, si c’est vrai pour la laine ou le cachemire, il n’en va pas de même pour le lin, le chanvre ou le coton bio qui sont quant à eux faciles d’entretien. Par ailleurs, il suffit souvent de connaître les bonnes techniques d’entretien, généralement peu compliquées, pour réussir l’entretien des matières plus exigeantes (lavage à l’eau froide, etc.).

Adopter la mode éthique est un vrai casse-tête.

Un prix supposément plus élevé n’est pas gage de qualité ou de produit éthique. Dans l’industrie textile, le greenwashing est également très présent, notamment avec le recours à des labels peu sérieux. En outre, l’obtention de labels de confiance (Oeko-Tex, Ecocert, GUT, GOTS, GRS…), bien qu’offrant certaines garanties, peut parfois représenter un coût pour les petits créateurs de mode qui n’y ont donc pas accès malgré un travail local, durable et responsable. Le consommateur doit donc s’informer un minimum sur les marques pour s’assurer que les prix affichés sont justes et justifiés et que le produit répond aux valeurs écologiques et sociales qui lui sont chères (traçabilité des produits, engagements concrets et vérifiables, dons à des associations, etc.).

 coton avec étiquette indiquant « tissu 100% recyclé »
Crédits : Firn/iStock

La mode éthique, c’est surtout acheter moins et de meilleure qualité, mais aussi bien entretenir, réparer, recycler, revendre ou donner quand c’est nécessaire. Néanmoins, c’est aussi la promesse d’un profond changement positif pour la société. Et entre la nouvelle législation européenne de décembre 2023 sur l’éco-conception (avec l’interdiction de détruire les vêtements neufs invendus ainsi que des mesures pour faciliter la circularité via la réparation et le recyclage) ainsi que la proposition de loi française début 2024 qui vise à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile, nul doute en tout cas que la mode vertueuse va continuer à suivre son chemin et sa démocratisation, s’accompagnant au passage de pratiques de consommation plus réfléchies.