Mode : le marché du vêtement d’occasion dépassera bientôt la fast-fashion

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Le marché du vêtement de seconde main (ou mode d’occasion) prend chaque année un peu plus d’ampleur en France. Ce marché vient évidemment concurrencer celui de la fast-fashion, un segment de l’industrie vestimentaire qui se caractérise par un inexorable et très rapide renouvellement des vêtements mis en vente.

Tous les voyants au vert pour la mode d’occasion

Acheter des vêtements pas chers déjà portés par d’autres, un nombre important de personnes s’y refusent puisque acheter du neuf reste une priorité. En revanche, le marché du vêtement de seconde main progresse de plus en plus. En novembre 2020, la plateforme FashionNetwork indiquait que 29% des Français achètent des vêtements ayant déjà eu une première vie, contre seulement 16% en 2018. L’année dernière aurait ainsi marqué la démocratisation de la mode d’occasion. Précisons également qu’en 2020, le budget mode des français avait légèrement diminué, poussant vraisemblablement certains consommateurs à changer leurs habitudes.

Il faut savoir que la mode d’occasion connaît un essor sans précédent par le biais d’Internet. Si les vide-greniers et friperies physiques restent des lieux d’achat importants, de multiples sites Web et autres applications permettent d’acheter des vêtements de seconde main sans bouger de chez soi. Des millions de personnes chinent ainsi sur ces supports de plus en plus attractifs et faciles d’utilisation.

Un article de L’Info Durable explique même que le marché du vêtement de seconde main devrait être plus important que celui de la fast-fashion dès 2028. Cette tendance se dessine déjà progressivement aux États-Unis, où la mode d’occasion représente aujourd’hui 6% des achats mode des étasuniens, contre 9% pour la fast-fashion. En 2028, la fast-fashion afficherait les mêmes chiffres synonymes de stagnation, tandis que la mode d’occasion bondirait pour atteindre 13%.

Un acte avant tout écologique

Acheter en ligne permet évidemment d’étendre ses recherches. L’intérêt pour le consommateur est d’acheter des vêtements en bon état, à un prix très abordable et éventuellement, de dénicher des pièces qui sont très difficiles à trouver aujourd’hui. Toutefois, participer à la mode d’occasion est avant tout un acte écologique. En effet, acheter un vêtement ayant déjà eu une vie est meilleur pour l’environnement que d’acheter un vêtement neuf. Cependant, le marché grandit aussi parce que les acheteurs sont aussi potentiellement des vendeurs. En effet, de nombreuses personnes achètent de nouveaux vêtements d’occasion mais en profitent pour vider leur dressing.

Les acteurs de la fast fashion voient donc le vent tourner. Il faut dire que ces dernières années, les critiques se sont fortement accumulées, concernant principalement l’important impact sur l’environnement, et donc sur le réchauffement climatique. Il se dit souvent que la production d’une tonne de textiles est responsable de la pollution de 200 litres d’eau, ou encore qu’un jean classique peut parcourir jusqu’à 65 000 km en fonction de ses étapes de fabrication.

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Crédits : Anna Gorbacheva / iStock

La fast-fashion perd la bataille

Évoquons également une baisse qualitative des vêtements ainsi qu’un important gaspillage, comme en témoignent certains chiffres : en Europe, quatre millions de tonnes de textiles sont jetées chaque année. La fast fashion renforcerait aussi les inégalités socio-économiques à travers le monde. En 2019 en France, a été votée une loi interdisant la destruction des invendus vestimentaires. Cette décision a fait suite à plusieurs scandales – H&M en 2013, Burberry en 2017 – ayant conduit à la destruction des dizaines de millions d’euros de vêtements et cosmétiques.

Désormais, certains géants de la fast fashion tentent de se réinventer avec des services de recyclage, des collections plus durables et un contrôle plus strict des conditions de travail chez leurs fournisseurs. Néanmoins, rien ne dit que ces mesures permettront d’atténuer l’évolution des habitudes de consommation favorisant de plus en plus la mode d’occasion.

Évoquons enfin l’apparition du mouvement « slow-fashion », en opposition directe à la notion de fast fashion. En 2007, Kate Fletcher, autrice et consultante britannique pour les activités de design vestimentaire déclarait : « Nous pouvons concevoir un système différent qui peut faire de l’argent et qui peut produire des habits beaux et consciencieux, tout en respectant les droits des travailleurs et l’environnement ».