L’eau est, malgré ce que l’on entend ci et là, la ressource la plus importante sur Terre pour l’être humain. Et pourtant, fleuves, lacs et océans sont de plus en plus pollués et cela impacte le cycle de l’eau et la santé des populations. Puisque nos comportements de consommateurs sont difficiles à faire évoluer, la question du recyclage des eaux usées, même des sanitaires, prend de l’ampleur. Cette méthode pourrait se généraliser tandis que certaines villes du monde s’y sont déjà mises.
« C’est une évidence, c’est sur le point d’arriver » indique Anas Ghadouani, une ingénieure de l’université de Crawley (Australie).
Eh oui ! Il faudra vous y faire, notre frénétique « consommation de tout » ne peut pas durer indéfiniment, surtout si les comportements n’évoluent que trop peu, qui plus est concernant le ressource la plus vitale pour l’Homme : l’eau douce. Nous sommes arrivés à un stade où l’eau de nos toilettes est susceptible d’être traitée puis réutilisée pour la consommation domestique; c’est déjà le cas à Singapour et dans quelques villes américaines et australiennes.
Le recyclage des eaux usées est à un stade d’expérimentation avancée, ce qui permet de comprendre l’enjeu que représente une telle méthode. La BBC a relayé dans un article du 6 janvier 2016 les propos de Peter Scales, un ingénieur chimiste de l’université de Melbourne (Australie). Ce dernier indique que le processus de recyclage se déroule en trois étapes : tout d’abord, filtrer les éléments solides et la saleté, filtrer ensuite les particules plus petites, et enfin stériliser l’eau à l’aide d’ultraviolets afin d’éliminer les éventuels microbes porteurs de maladies. Selon Peter Scales, une ville moyenne qui traiterait ses eaux usées pourrait réduire de 60% sa demande en eau. Ce dernier indique en conclusion :
« On peut fournir une eau très pure, souvent encore plus pure que celle contenue dans les réservoirs et les rivières. Cette eau n’est pas chère, c’est une ressource sûre. »
Non seulement le processus ne serait pas très onéreux, mais en plus, l’eau recyclée de cette façon serait plus pure que l’eau contenue dans les réservoirs destinés à la distribution dans les réseaux domestiques. Malgré ces éléments encourageants, cette méthode se heurte aux idées reçues : selon une étude de l’université de Pennsylvanie (États-Unis) pour laquelle 2000 personnes ont participé, 13% se sont montrés absolument contre, 38% étaient plutôt perplexes et indécis, tandis que 49% des personnes se sont montrées favorables. Les psychologues ayant mené l’étude ont même qualifié ces réactions de dégout d’« effet beurk ».
Singapour recyclerait 30% des besoins de la population de la ville-état. En Australie, la ville de Perth produit 43% de son eau potable alors qu’elle est située dans une région des plus sèches du pays. Aux États-Unis, la ville de Los Angeles, en proie à un stress hydrique préoccupant, pourrait prendre le même chemin dans le cadre d’un projet à 1 milliard de dollars baptisé « toilet to tap » (des toilettes au robinet).
Sources : BBC – Slate – Metronews – La Croix