Samedi 4 juin, un cortège de manifestants non violents a défilé dans les rues de Paris pour protester contre l’Interruption Volontaire de Grossesse. Ces manifestants, nés après la loi Simone Veil, se déclarent être « rescapés de l’avortement ». Ils se sont heurtés à des manifestants féministes et anti-fascistes.
Selon les manifestants, un cinquième de la population manque à cause de l’IVG. Ils défilaient samedi dernier avec des autocollants sur lesquels était inscrit « conformes », et en brandissant leur main avec un annulaire baissé. On pourrait se croire avant 1975, mais nous sommes bien en 2016. D’où viennent ces manifestants ? Du mouvement La trêve de Dieu, qui nommait ses jeunes partisans « les survivants » en 1997. Le slogan de ces jeunes de vingt ans: « ni cathos, ni fachos », voyez la cohérence: pour un souci d’image, les survivants se débarrassent de leur étiquette catholique, ce que critique la trêve de Dieu. Rejoints par l’action française, mouvement monarchiste, ce joyeux cocktail scandait à tout va des slogans pour la pénalisation de l’avortement: « survivants, un sur cinq » ou « l’avortement est lié à l’exclusion et au mal-être de notre société » et serait la cause du chômage des jeunes, de l’écart entre les générations, de l’exclusion, de la violence, etc.
Alors qu’une femme meurt toutes les 9 minutes dans le monde à cause d’un avortement clandestin selon les féministes présents, les « survivants » ne semblent pas penser que la vie d’une femme serait plus importante que celui d’un « amas de cellules ». Les contre-manifestants féministes brandissent à leur tour des pancartes et des cintres (instruments utilisés pour avorter illégalement, avec les aiguilles à tricoter) en disant « mon corps, mes joies, ta gueule casse-toi », « lâche-moi l’utérus » ou bien « je bénis l’avortement, amen ». Les survivants, malgré leur image jeune et leurs airs sympathiques, sont discrédités par leur mouvement et leurs slogan par les contre-manifestants.
Et même si l’on a vu beaucoup de femmes « survivantes » chez les manifestants dans les médias, ceux-ci restaient en majorité des hommes. Le face-à-face a donné lieu à une certaine tension avec le service d’ordre des « survivants », qui avait des réponses toutes faites à proposer aux journalistes couvrant l’événement.
Quid des droits des femmes, donc ? La décision d’avorter ne devrait pas leur appartenir, même en cas de viol, selon les « survivants ». Serions-nous en train de régresser ?
Sources: prochoix, avortementivg