Élections américaines : 6 millions de personnes privées de vote !

Saviez-vous que six millions d’Américains ne pourront pas voter lors des élections qui désigneront le prochain président des États-Unis ? Les États américains restreignent le droit de vote des personnes en fonction de leur casier judiciaire, incroyable n’est-ce pas ?

Alors que l’élection présidentielle qui se tiendra le 8 novembre prochain vient d’être secouée par une affaire impliquant le FBI, une autre affaire dont on parle moins concerne les millions d’Américains qui seront en incapacité de donner leur voix en faveur d’Hillary Clinton ou de Donald Trump.

Il faut savoir qu’en 1976, près d’1,17 million de personnes ne pouvaient pas voter aux États-Unis tandis qu’en 1996, ce nombre a atteint 3,34 millions. Aujourd’hui, ce sont un peu plus de six millions d’Américains qui sont dans l’incapacité de donner leur voix, un chiffre qui s’explique par une population carcérale qui a explosé ainsi que l’établissement plus fréquent de longues peines. Un américain sur 40 ne peut donc pas voter et ce taux est très fort chez les Afro-Américains (1 sur 13).

Les états américains empêchent les personnes de voter en fonction de leur casier judiciaire, des informations obtenues par le biais d’un rapport (en PDF) récemment publié par Sentencing Project, une ONG qui étudie le fonctionnement de la justice criminelle américaine. Cette particularité comporte néanmoins certaines subtilités puisque le phénomène n’est pas trivial.

En effet, le 14e amendement de la Constitution autorise les différents états américains à prendre la liberté d’apporter des restrictions sur le droit de vote de leurs citoyens, et ce, dans le cas où ces derniers auraient été condamnés pour un crime. La liberté d’action est totale puisque chaque état peut décider lui-même de la manière d’appliquer l’amendement et ceci va même jusqu’à la décision du rétablissement (ou non) du droit de vote en ce qui concerne les anciens prisonniers libérés. Ainsi, de grandes différences subsistent entre les États.

Les États les plus restrictifs sont l’Alabama, la Floride, le Kentucky, le Mississippi, le Tennessee ainsi que la Virginie où plus de 7% des personnes en âge de voter ne peuvent pas le faire. Si l’on évoque à nouveau la situation des Afro-Américains, 5% des adultes ne peuvent pas voter dans 23 états, un taux qui atteint 20% dans les états du Kentucky, du Tennessee et de la Virginie.

Une étude sociologique (PDF) menée et publiée en 2003 par la Northwestern University indique que les lois de privation de vote touchent particulièrement les minorités ethniques. Les recherches ont prouvé qu’un tel phénomène aurait pu donner Al Gore vainqueur face à George W. Bush en 2000, une élection où les résultats émanant de l’État de Floride avaient été très contestés.

En 2014, une autre étude (PDF) menée par des politologues de l’Université de Pennsylvanie stipule que les anciens criminels sont généralement plus enclins à voter pour le parti démocrate, à hauteur de 73%. Ce genre de privatisation du droit de vote s’avère relever clairement de la manœuvre politique pure et dure.

Cependant, il existe un peu de lumière dans ce brouillard. En effet, il y a tout de même deux États autorisant le vote des prisonniers pendant leur temps de réclusion : le Maine et le Vermont qui représentent donc une véritable exception aux États-Unis.

Sources : Vice News – Le Monde