(Documentaire) Le temps de cerveau disponible

Un documentaire diffusé par France 2 met en lumière la mutation des programmes TV en France, surtout depuis les années 80. De la télévision contrôlée par l’état à la libéralisation de celle-ci, ou comment les chaines privées s’y prennent pour nous faire accepter de plus en plus la publicité.

« Les images que l’on voit aujourd’hui à la télévision, il y a trente ans, personne ne les aurait supportées […] aujourd’hui on montre ça à des gamins de 15 ans, voire moins… Pourquoi? Parce que la capacité à voir des choses abominables est devenue très grande, mais cela veut dire que la sensibilité des gens est devenue de moins en moins grande » selon le philosophe Bernard Stiegler, s’exprimant dans le documentaire « Le temps de cerveau disponible » diffusé par France 2.

En effet, jusqu’au début années 80, tout ce qui aborde la sexualité ou l’intimité est banni, il existe donc une forme de contrôle des mœurs, un cadre régulant les contenus TV.

Le point de départ de la mutation télévisuelle en France est la diffusion de l’émission Psy-Show à partir de 1983. À l’époque, cela augmente considérablement l’intérêt du public pour la télévision. L’intrusion dans l’intimité des personnes ou l’abord avec plus ou moins d’aisance de questions taboues exaltent le public. Il s’agit de questions le plus souvent psychologiques, en rapport avec la famille, le couple, et le sexe. La télévision devient donc un support reflétant des aspects de la société, alimentant une réflexion chez les téléspectateurs par le biais d’une certaine distance nécessaire à prendre personnellement. Avec le temps et l’habitude, cette distance disparait et l’orientation prise par les chaines semble être définitivement axée sur le jeu de pulsions : on cherche à influencer les sentiments des gens et à banaliser un genre de voyeurisme plébiscité par la masse et rendu possible par l’offre au préalable de ce que l’on pourrait qualifier d’exhibitionnisme audiovisuel. Les programmes TV perdent alors inexorablement toute pudeur et l’exposition de l’intime devient monnaie courante dans le but d’exploiter ces pulsions.

Avec cette mutation, les chaines TV visent la « pulsion scopique » (ou scoptophilie) essentielle chez l’Homme, bien plus que n’importe quel autre être vivant. La scopophilie est définie par Sigmund Freud comme étant une pulsion sexuelle indépendante des zones érogènes où l’individu s’empare de l’autre comme objet de plaisir qu’il soumet à son regard contrôlant. C’est tout simplement le plaisir de regarder.

Le documentaire aborde, en s’appuyant sur la psychologie, nombre d’éléments tels que l’apparition et la libéralisation des radios libres, l’apparition des chaines privées (cassage du monopole du service public), la réduction des chaines du service public aux chaines de France Télévision, la transition citoyen/consommateur dans la considération du public par les chaines TV, les techniques de captation du public qui devient une cible marketing, l’apparition des émissions de télé-réalité de type « Big Brother » puis de type « relooking », ainsi que leurs dérives multiples sur notre société.

Sources : Mr MondialisationFrance 2 (via YouTube)