Élections : Des chercheurs imaginent de nouveaux types de scrutins plus démocratiques

Alors que nous sommes dans l’entre-deux tours des élections régionales, des scientifiques travaillent depuis plusieurs années sur des modes de scrutin alternatifs afin que l’on puisse mieux s’exprimer à travers le vote, pour plus de démocratie.

« Si les distorsions entre nos préférences électorales et le vainqueur d’une élection sont trop importantes, ce que l’on peut reprocher au scrutin uninominal à deux tours qui désigne en particulier le président de la République, sa légitimité peut être questionnée« , déclare Herrade Igersheim, économiste au CNRS. Ainsi, et ce depuis le 21 avril 2002 et le séisme qu’avait provoqué l’élection présidentielle, des chercheurs cherchent à trouver des systèmes alternatifs, plus représentatifs.

Car aujourd’hui, le défaut est que les électeurs ne peuvent voter que pour un seul candidat ou une seule liste, sans possibilité d’exprimer leurs préférences pour plusieurs candidats ou plusieurs listes. Ce sont donc vers des modes de scrutin plurinominaux que cherchent à s’orienter les chercheurs, dont un en particulier, le « jugement majoritaire« , élaboré par Rida Laraki et Michel Balinski, mathématiciens au CNRS.

Ici, il s’agirait d’attribuer une mention aux différents candidats (excellent, très bien, bien, assez bien, passable, insuffisant, à rejeter), et celui qui obtient la meilleure mention médiane remporte le scrutin. Pour Rida Laraki, nos scrutins actuels présentent deux paradoxes. D’abord, ils peuvent permettre à un candidat rejeté par la majorité des électeurs d’être au deuxième tour d’une présidentielle, comme Jean-Marie Le Pen en 2002. Ensuite, le fait qu’un « candidat mineur puisse changer le résultat du scrutin comme ce fut le cas en 2002 avec l’élimination de Lionel Jospin à cause de la présence de plusieurs candidats mineurs de gauche« .

Pouvoir s’exprimer sur tous les candidats permettrait de ne pas connaître cette dispersion des voix et d’éviter le « vote utile« , qui représente un choix par défaut pour l’électeur. D’autres modes alternatifs sont à l’étude, comme le vote par approbation, qui permettrait de soutenir un ou plusieurs candidats, ou encore l’attribution de notes aux candidats.

Mais les scrutins actuels favorisent bien évidemment les grands partis, et il paraît peu probable que ceux-ci soient changés. « Je ne peux pas imaginer que les grands partis choisissent un système qui va avantager les petits partis » déclare Rida Laraki. « Le mouvement ne peut venir que de la société civile » ajoute l’économiste Herrade Igersheim.

Source : huffpost