Brésil : des potagers bio géants pour nourrir les habitants d’une favela

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Crédits : capture YouTube / DW News

Dans une zone où les trafiquants et toxicomanes sévissaient en toute impunité il y a encore quelques années se dressent désormais des potagers géants. Ces potagers produisent de la nourriture biologique pour les habitants et éloignent les trafiquants.

Des potagers à la place d’une zone de non-droit

Manguinhos est un quartier du nord de Rio de Janeiro où vivent environ 20 000 personnes et dont la densité est de 8 506 hab./km². Comme dans de nombreuses autres favelas, les gangs et la drogue y rendent la vie des locaux assez difficile. Comme l’expliquait l’agence de presse Reuters en décembre 2021, la favela de Manguinhos récolte néanmoins aujourd’hui les fruits d’un programme baptisé Hortas Cariocas.

À l’origine, ce lieu était sous le contrôle des gangs de narcotrafiquants et de nombreux toxicomanes le fréquentaient, à tel point que la population lui avait donné un surnom peu glorieux, à savoir « Crackolandia » (ou « Crackland »). « Si vous arriviez ici un mercredi à 10 heures du matin, vous pouviez trouver deux ou trois mille personnes fumant du crack dans ce quartier », a déclaré Julio Cesar Barros, agronome faisant partie du programme. Grâce à Hortas Cariocas, des potagers s’étendent néanmoins à présent sur une zone grande comme presque quatre terrains de football.  Ces potagers permettent à la fois de nourrir la population locale et d’éloigner les nuisances.

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Crédits : capture YouTube / DW News

Le meilleur projet du genre au monde

Depuis le début du projet en 2013, 800 familles démunies de Manguinhos bénéficient de légumes bon marché. Chaque mois, les 49 potagers de la zone produisent pas moins de 2,5 tonnes de manioc, d’oignons, de choux et de carottes. De plus, l’inflation au Brésil fait énormément augmenter le prix des produits alimentaires, rendant ce projet encore plus pertinent.

Par ailleurs, il s’agit de légumes biologiques, c’est-à-dire sans engrais chimiques et autres pesticides. Or, à l’heure où l’éducation alimentaire est défaillante comme en témoigne le taux d’obésité des plus de vingt ans au Brésil (passé de 12,2 % en 2002 à 26,8 % en 2019) le projet réapprend aux personnes à se nourrir. Également, le projet réserve des potagers pour des écoles, ce qui contribue à l’éducation des enfants. De plus, le programme emploie à plein temps 25 personnes qui se répartissent 50 % des ventes des produits.

Le programme Hortas Cariocas a été reconnu comme étant l’un des meilleurs au monde par les signataires du Pacte de Milan sur la politique alimentaire urbaine en 2015. Ce pacte a été signé par des maires de villes aux quatre coins du monde, avec le soutien de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).