Cecil n’est pas seul, 7000 lions sont élevés pour être chassés

Le meurtre de Cecil a fait un tollé médiatique. Des personnes du monde entier se sont insurgées contre le dentiste criminel, mais combien savent que des milliers de lions sont élevés en ferme pour être chassés dans des enclos où ils ne peuvent pas fuir ? 

Le 22 juillet au festival  International du Film à Durban a présenté un documentaire sur la vie des lions dans les fermes: Blood Lions. Ce film porte bien son nom puisque les lions sont élevés pour ensuite être l’objet de chasse close en Afrique du Sud.

La chasse close, chasse en boite ou chasse en cages est une chasse dans laquelle les animaux ne peuvent pas fuir. Ils sont maintenus dans des enclos pour faciliter la tâche du « chasseur ». Cette technique est dénoncée tant bien par les associations de protection des animaux que par la majorité des chasseurs. Pour ces derniers, cette pratique n’est pas de la chasse. Tout l’esprit du « sport »  est perdu en retirant la possibilité à l’animal de s’échapper.

Chaque jour cependant, 2 à 3 trois lions d’élevage sont tués dans ces chasses.

De même, chaque année, plus de 800 lions sont mis à mort dans les enclos de chasse. Cette pratique reste légale en Afrique du Sud tant que les lions sont nés en captivité, qu’ils ne proviennent pas du Botswana et qu’aucun tranquillisant n’a été administré avant la chasse.

Les tranquillisants ne sont cependant pas nécessaires puisque les lions ne se méfient pas des chasseurs. Ils ont été élevés par des humains dans l’une des 200 fermes recensées par la coproductrice de Blood Lions, Pippa Hankinson. Ces fermes gardent en captivités près de 8000 prédateurs. Parmi eux, environ 7000 seraient des lions.

Les animaux sont élevés dans des fermes, souvent par des bénévoles

Les fermes n’attirent pas que des chasseurs venus de divers pays occidentaux, mais aussi des personnes bien intentionnées qui se font duper. Des bénévoles sont recrutés pour aider les fermes à élever les lions. Ils nourrissent les lionceaux, etc. En faisant cela, ils pensent souvent aider les lions, cependant l’équipe de scientifique de Blood Lions alerte :

« Il n’a pas eu de programme de réintroduction réussie de lions élevés en captivité en Afrique du Sud. […] Les lions élevés en captivité ne sont pas adaptés pour les programmes de réintroduction. »

« Très peu si ce n’est aucune des fermes de lions et des installations de reproduction de prédateurs en Afrique du Sud peuvent être considérées comme des entreprises de conservation authentiques puisqu’ils ne travaillent pas en collaboration avec les scientifiques et les protecteurs de lion reconnus, ou aucun des organismes de conservation de prédateurs mondiaux. »

Pour augmenter la production de lion, les lionceaux sont arrachés à leur mère très tôt afin qu’elles puissent avoir de nouvelles portées. Les femelles peuvent alors avoir jusqu’à 5 grossesses en deux ans.

La pratique est encore courante grâce à ses protecteurs

Les défenseurs de cette « technique » de chasse et d’exploitation ont avancé beaucoup d’arguments au cours du temps. Certains prétendent que c’est pour protéger les lions sauvages du braconnage, pour faire avancer la recherche ou pour aider à l’éducation.

« En général, la qualité et la validité des informations remises aux visiteurs sur les fermes et les installations de prédateurs de l’Afrique du Sud sont pauvres. Il est également source de confusion des messages et des priorités de conservation » annonce l’équipe de Blood Lions.

La faute n’incombe pas seulement à l’Afrique du Sud

Des Européens, des Américains et des personnes d’autres origines acceptent de payer très cher pour chasser cet animal et surtout ramener un trophée à la maison. Cela coûte entre 7 000 et 30 000 $ de pouvoir afficher chez soi un morceau d’animal exécuté.

En Asie, les lions sont recherchés pour les vertus médicinales supposées de leur os. Depuis que la vente d’os de tigre est interdite, celle d’os de lion a fortement augmenté. En 2009, « seuls » cinq squelettes de lions d’Afrique du Sud avaient été exportés au Laos, contre 496 en 2011.

En 2013, un court métrage avait déjà été réalisé pour dénoncer ces pratiques.

Le retentissement a été faible puisque depuis rien n’a changé, ni pour les lions ni pour les autres espèces comme le rhinocéros blanc (il n’en reste plus que 4 dans le monde).

« En France, ils élèvent des millions de faisans, et ils les relâchent le samedi matin quand la chasse commence. Le principe est le même », se défend Pieter Potgieter, chasseur, dans maxisciences

Il faut espérer que l’histoire de Cecil permettra de mettre plus en avant ces événements et d’enrayer la tendance.

Sources: Mr mondialisation, Le Nouvel Obs, Africa Geographic, Blood lions

– Illustration : Melissa Brachman, chasseuse qui a fait scandale en 2013