Ne nous en cachons pas, la Corée du Nord fait assez peur compte tenu de ses déclarations sur la scène politique internationale. Cependant, en considérant que ce pays est plutôt isolé, nous sommes en droit de nous demander comment celui-ci peut survivre économiquement.
Dirigée par la dynastie communiste des Kim depuis 1948, la Corée du Nord a toujours été un pays à part et assez isolé des grandes logiques de la mondialisation, surtout après les années 2000. Si la question principale est de savoir si cet état représente réellement une menace pour la communauté internationale avec la possession d’armes nucléaires, une interrogation plus sous-jacente fait également réfléchir : comment la Corée du Nord survit-elle économiquement ?
D’après les informations diffusées sur le pays, le régime entretient une sorte d’oligarchie riche et privilégiée à Pyongyang tandis que la majorité de la population souffre de la pauvreté. Il semblerait que la Corée du Nord bénéficie du soutien de la Chine, une « assistance économique et politique » comme l’affirme Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS). La Chine est l’allié de la Corée du Nord et pratiquement son seul partenaire économique depuis le début des années 2000 (92,5 % des échanges) et l’arrêt des collaborations avec le Japon et la Corée du Sud. Les importations nord-coréennes sont basées principalement sur les matières premières en provenance de Chine.
Le 5 août 2017, la résolution 2371 a été adoptée par l’ONU. Elle renforce certaines décisions prises par le passé comme la limitation des activités commerciales de la Corée du Nord. Cependant, au regard de la relation avec son grand voisin chinois, le succès des mesures prises dépend donc en grande partie de ce dernier.
Depuis 2006, la Chine vote des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et critique les essais nucléaires nord-coréens. En revanche, selon Antoine Bondaz (chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique [FRS] et enseignant à Sciences-Po Paris), la Chine s’arrange toujours pour ne pas aller au bout des sanctions pouvant provoquer un effondrement du régime. Ainsi, la survie politique et économique de la Corée du Nord serait entre les mains de la Chine et son maintien pourrait donc être une stratégie visant à montrer l’image d’une puissance chinoise responsable, contenant son petit voisin sans le faire disparaître et assumer seule la stabilité de cette région d’Asie.
Selon Antoine Bondaz, la Chine n’appuie pas bien fort sur la plaie, car la menace que constitue la Corée du Nord semble être entièrement braquée sur les États-Unis, un pays considéré comme une menace par le régime. Si la Chine s’inquiète de la montée des échanges entre Américains et Nord-Coréens, celle-ci soutient que l’augmentation des capacités militaires n’est pas le fruit de l’insécurité des Nord-Coréens.
Suite à l’adoption de la résolution du 15 août 2017, la Chine a publié un communiqué indiquant que le gouvernement a l’intention de stopper « toutes les importations de charbon, fer, minerai de fer, plomb, minerai de plomb, d’animaux aquatiques et produits de la mer ». Ainsi, suivant l’intensité de l’application de la mesure dont la Chine est le fer de lance, la Corée du Nord pourrait être grandement affaiblie puisqu’est évoqué un coût total pouvant atteindre 1,5 milliard de dollars !
Sources : Les Inrocks – France Info – Le Figaro – Le Monde