Dans un discours prononcé aujourd’hui, le premier ministre britannique David Cammeron a exprimé le souhait de bannir les communications privées. Il s’en prend plus précisément à la cryptographie, qui empêche tout le monde d’accéder à une information, à part son destinataire.
Le premier ministre défend ainsi la possibilité d’accéder aux communications privées des citoyens « dans les cas extrêmes », et s’oppose aux moyens technologiques qui nous permettent de les protéger.
« Dans notre pays, voulons-nous autoriser un moyen de communication entre personnes, que nous ne pouvons pas lire, même dans un cas extrême, avec un mandat personnellement signé par le secrétaire d’État à l’Intérieur.
Jusqu’à maintenant les gouvernements de ce pays ont dit “non, nous ne devons pas avoir un tel moyen de communication” c’est pourquoi, dans le cas extrême il a été possible de lire les lettres de quelqu’un, ou d’écouter des conversations téléphoniques, et c’est pourquoi le même principe s’applique aux communications mobiles.
Laissez-moi insister : cela ne peut se produire si le secrétaire d’État à l’Intérieur ne signe pas personnellement un mandat. Nous avons un meilleur système pour encadrer ce pouvoir très intrusif que euh… probablement n’importe quel pays auquel je peux penser.
Mais il reste la question de savoir si nous allons autoriser un moyen de communication pour lequel il n’est tout simplement pas possible de le faire. Et ma réponse est : non, nous ne devons pas. Le premier devoir de tout ouvertement est d’assurer la sécurité de notre pays et de notre peuple. »
Après le scandale des écoutes par la NSA, nombre d’entreprises implémentent le chiffrement par défaut pour de plus en plus de produits, à l’instar de Facebook, qui a annoncé le chiffrement de WhatsApp afin de contrer la concurrence des applications de messagerie privée qui fleurissent depuis deux ans.
Mais il y a un problème : ces technologies sont elles-mêmes au cœur de la révolution de l’information. Ce sont elles qui nous permettent entre autres de garder notre argent sur nos comptes en banque, de payer sur le web, de nous connecter à distance à un autre ordinateur, et de protéger tous nos comptes sur les réseaux sociaux. Même les applications les plus controversées, comme le réseau Tor restent des outils très précieux pour assurer l’anonymat et la sécurité des journalistes, opposants politiques et même des agents de renseignement sur le terrain, bien qu’elles puissent aussi être utilisées pour vendre de la drogue ou des armes.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement britannique exprime le souhait de restreindre les libertés sur internet. En décembre 2014, il avait ainsi légiféré, et banni une liste assez comique d’actes sexuels de la pornographie produite et distribuée dans le pays. La grande Bretagne est aussi un des rares pays qui censure activement internet, aux côtés de L’Arabie Saoudite, de la Chine, de l’Iran, du Pakistan et de la Russie.
Alban Ceau