Lors du récent mouvement des gilets jaunes en France, les gaz lacrymogènes ont une énième fois été utilisés. Or, cette arme jugée non létale est utilisée dans le monde entier, bien que les risques pour la santé sont bien réels.
Une utilisation très fréquente
RĂ©cemment dans notre pays, les diverses manifestations ont parfois donnĂ© lieu Ă des confrontations avec les forces de l’ordre. Ces heurts ont gĂ©nĂ©rĂ© l’utilisation de lacrymogènes, un terme dĂ©signant l’ensemble des composĂ©s causant une incapacitĂ© temporaire par irritation des yeux et/ou du système respiratoire (ou encore de la peau).
Très utilisĂ©s par tous les gouvernements français, les gaz lacrymogènes sont massivement utilisĂ©s aux quatre coins du monde contre les populations. Tout rĂ©cemment, le prĂ©sident des États-Unis, Donald Trump, a dĂ©fendu l’usage des gaz lacrymogènes dans le but de stopper les migrants Ă la frontière mexicaine.
Une toxicité qui augmente
Un long article publiĂ© dans le magazine Reporterre le 15 mars 2018 Ă©voque une composition des gaz lacrymogènes Ă©voluant vers davantage de toxicitĂ©. Il s’agirait d’une question de santĂ© publique que le gouvernement et les fabricants passeraient sous silence. Non seulement les effets sur la santĂ© n’ont jamais Ă©tĂ© exposĂ©s officiellement, mais c’est aussi le cas de la composition exacte des gaz lacrymogènes.
L’enquĂŞte parle de manifestants indiquant des « suffocations qui leur paraissent plus fortes » et des secouristes Ă©voquant des « bronchites chroniques durant trois Ă six mois après exposition ». Un CRS de la rĂ©gion parisienne a mĂŞme constatĂ© une irritation plus importante au niveau des gazeuses Ă main en service en France depuis une poignĂ©e d’annĂ©es.
Qu’en dit la police ?
L’enquĂŞte estime que les policiers – Ă©galement exposĂ©s aux gaz lacrymogènes – seraient eux aussi maintenus dans l’ignorance. Pour preuve, une sĂ©rieuse divergence de ressenti et d’opinion. Pour Alexandre Langlois du syndicat Vigi (ex-CGT police), il est question de « nouvelles munitions plus fortes, plus concentrĂ©es » concernant les lance-grenades Riot gun Penn Arm’s Ă barillet (six projectiles).
En revanche Johan Cavallero, dĂ©lĂ©guĂ© national CRS au syndicat Alliance estime que « les grenades baissent en intensitĂ©, sauf quand on sature l’espace d’une place et que ça stagne au sol », mais que celles-ci « piquent davantage quand elles approchent de leur date de pĂ©remption ». GrĂ©gory Joron, secrĂ©taire national SGP Police, Ă©voque un renouvellement frĂ©quent des stocks et ajoute qu’aucune modification de la composition – ou du dosage – des grenades n’a Ă©tĂ© constatĂ©e. Ceci lui aurait Ă©tĂ© confirmĂ© par le Service de l’achat, de l’équipement et de la logistique de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure (Saelsi).
Très peu d’Ă©tudes sur la question
Selon Frank Ceppa de l’HĂ´pital d’instruction des ArmĂ©es du Val-de-Grâce, il n’existe aucune Ă©tude Ă©pidĂ©miologique ayant Ă©tĂ© menĂ©e en France sur les effets des gaz lacrymogènes. L’intĂ©ressĂ© donne des cours aux personnels confrontĂ©s Ă ce type d’armes et Ă©voque diffĂ©rents risques – spĂ©cialement en milieu confinĂ© – tels que le stress respiratoire aigu. Le problème rĂ©side dans le fait que la maigre connaissance mĂ©dicale des effets Ă long terme est conditionnĂ©e par le manque de recherche, ce qui ne permet donc pas le dĂ©veloppement de traitements et autres contre-mesures.
Cependant, certaines Ă©tudes menĂ©es notamment au Royaume-Uni et en Nouvelle-ZĂ©lande Ă©voquent des problèmes respiratoires sĂ©rieux, voire des crises cardiaques en cas d’exposition prolongĂ©e. Il est par ailleurs question de possibles fausses couches pour les femmes et d’un danger potentiellement mortel pour les personnes souffrant d’asthme et autres maladies du mĂŞme type.
Sources : Reporterre – RFI – LibĂ©ration
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