Yohan Demeure
La cellulite est une source de complexe. Pourtant, cette perturbation du tissu adipeux présente sur diverses parties du corps de la femme ne représentait pas une telle préoccupation il y a un siècle environ.
L’apparition du culte de la minceur
Également surnommée « peau d’orange ». La cellulite est le résultat d’un changement de structure des tissus adipeux situés sous l’épiderme (hypoderme). Se développant généralement au niveau des cuisses et des fesses, celle-ci peut également concerner le ventre ou encore les bras. De plus, la cellulite concerne principalement les femmes, sous l’action des œstrogènes et de la progestérone, des hormones féminines. Aujourd’hui, plusieurs sites Web proposent des astuces pour réduire ou éviter la cellulite et de nombreux produits sont en vente sur les étals des pharmacies et autres rayons cosmétiques. Gels, crèmes, ventouses, tisanes ou encore compléments alimentaires, l’industrie propose un véritable arsenal pour lutter contre la cellulite.
De nos jours, la cellulite est en effet une réelle source de complexe chez les femmes. Néanmoins, cela n’a pas toujours été ainsi. Aujourd’hui, de fausses idées circulent sur ce phénomène disgracieux qui n’a pourtant aucun lien avec le surpoids ou une mauvaise hygiène de vie. En 2017, un article de France Inter expliquait que la cellulite était devenue une préoccupation après la Première Guerre mondiale. À cette époque, le culte de la minceur faisait son apparition en Europe et en Amérique du Nord. Or, avant cela, les formes généreuses étaient plutôt bien reçues, et ce, jusque dans les Années folles.
L’ennemi numéro un des femmes
Si le terme « cellulite » fait une première apparition dans un dictionnaire datant de 1873, le Dr Alquier le reprend en 1924 dans ses travaux. Il explique alors que la cellulite est le symptôme à traiter d’un amas de déchets relevant d’un trouble fonctionnel hépatodigestif. Néanmoins, le terme entre vraiment dans l’imaginaire collectif une décennie plus tard par le biais de magazines tels que Votre Beauté et Marie-Claire. Ces deux revues destinées aux femmes rencontrent un très large succès et reçoivent surtout le soutien d’une industrie cosmétique en pleine progression.
Ainsi, les magazines ont abondamment évoqué la nécessité de dépister et traiter la cellulite. Ces revues ont aussi démocratisé l’idée que le corps de la femme devait faire l’objet d’une surveillance constante afin d’atteindre un certain objectif de beauté. Cela a donc fait en sorte que la cellulite devienne l’ennemi numéro un des femmes.
Après avoir acquis à sa cause des revues féminines ainsi que des médecins, l’industrie cosmétique, qui se situe finalement entre beauté et santé, a pu imposer une crédibilité à ce combat contre la cellulite. Évidemment, cela n’a pas pu se faire sans un imposant matraquage publicitaire. Aujourd’hui, l’industrie de la minceur représente tout de même 3,6 milliards de dollars par an rien qu’en France et les consommateurs qui la financent sont des femmes.