Au Kenya, le village d’Umoja est un « No Man’s Land », littéralement. En effet, ce village du nord du Kenya situé à 380 km de la capitale Nairobi interdit aux hommes d’y vivre puisqu’il s’agit d’un véritable refuge pour femmes battues et maltraitées.
C’est il y a 25 ans qu’a été bâti le village d’Umoja par Rebecca Lolosoli, aujourd’hui chef du village. Umoja, c’est un refuge pour les femmes et les filles qui veulent échapper à la société patriarcale de l’ethnie Samburu dans laquelle viols, mutilations génitales ou encore mariages forcés font partie de leur quotidien. En 1990, après avoir défendu des femmes violées par des soldats britanniques, Rebecca Lolosoli a fui pour bâtir Umoja, qui signifie Union en swahili.
« J’ai commencé à dénoncer les viols des femmes et j’ai encore été battue. J’ai compris que la fuite était la seule solution et qu’il fallait construire ma propre communauté ». C’est avec 16 autres femmes qu’elle allait bâtir ce village autonome où la protection mutuelle est essentielle. Aujourd’hui, une cinquantaine de femmes et 200 enfants y vivent. Leur principale source de revenus provient des objets artisanaux qu’elles vendent aux touristes ainsi que des poulaillers. Elles sont également parvenues à créer un fond de financement afin de mettre en place un centre pour les malades et les handicapés, un centre communautaire ainsi qu’une école.
Les hommes, qui ont le droit de visiter le village tant qu’ils se comportent bien, représentent tout de même « le principal obstacle. Leur jalousie est sans limites et ils ne supportent pas qu’une femme réussisse sans les hommes » déclare Rebecca Lolosoli. En effet, beaucoup n’ont pas accepté d’apprendre que le village devenait autonome et que les femmes gagnaient de l’argent seules. Certains hommes dans un village voisin ont bloqué la route qui menait au village pour empêcher les touristes de s’y rendre. Une autre fois, 30 guerriers sont arrivés pour battre ces femmes devant les touristes pour leur montrer qu’elles ne valent rien. « Un membre du Parlement kényan est entré dans une rage folle en s’apercevant que le village Umoja avait son propre site web. »
L’initiative de Rebecca Lolosoli a inspiré de nombreuses femmes à travers le pays puisqu’elles sont aujourd’hui nombreuses à bâtir leurs villages interdits aux hommes. Le but de ce type de villages est simple : débarrasser leur société des pratiques culturelles négatives qui sont violentes envers les femmes.
Source : odditycentral