La France, leader européen de la consommation de cigarettes illicites (KPMG)

megots cigarette
Crédits : Semevent / Pixabay

Avec près de 16,8 milliards de cigarettes illicites consommées en 2023, la France est en tête des pays européens dans ce domaine, selon un rapport du cabinet d’audit et de conseil KPMG. L’hexagone représente aujourd’hui 47,7% de la consommation totale de cigarettes illégales de l’Union européenne (UE). Ces chiffres inquiètent tant pour leurs impacts sur la santé publique que sur les pertes fiscales hexagonales.

La consommation de cigarettes illicites en France continue de poser un sérieux problème. En 2023, l’Hexagone a consommé près de 16,8 milliards de cigarettes illicites, soit presque la moitié (47,7%) du total enregistré dans les 27 pays membres de l’Union européenne (35,2 milliards).

Ces chiffres, publiés dans le dernier rapport de KPMG, révèlent une situation alarmante, qui fait de la France le plus grand marché illicite de la région. Malgré les efforts des autorités pour lutter contre ce commerce illégal, la tendance semble se maintenir à des niveaux préoccupants.

Les cigarettes illicites, qu’elles soient contrefaites ou issues de la contrebande, représentent une véritable menace pour la santé publique. Selon Philip Morris International (PMI), qui a commandé l’étude, près d’une cigarette sur 8 consommée en France l’année dernière provenait du marché noir.

Pertes fiscales et impact économique

Le rapport met en lumière l’impact économique de cette contrebande. Pour la France, les pertes fiscales liées à la consommation de cigarettes illicites s’élèvent à environ 7,3 milliards d’euros en 2023. À l’échelle européenne, ce chiffre atteint les 11,6 milliards d’euros (vs 11,3 milliards en 2022). Ces montants échappent aux caisses de l’État, alors même que les prix des cigarettes légales ne cessent d’augmenter sous l’effet des politiques de santé publique visant à réduire la consommation de tabac.

Les prix élevés des cigarettes en France, parmi les plus chers d’Europe, incitent de nombreux fumeurs à se tourner vers le marché noir, perçu comme une option moins coûteuse. En réponse, les autorités françaises intensifient la répression contre les réseaux criminels qui organisent ce commerce. En l’espace de trois ans, 6 usines clandestines de cigarettes ont été démantelées dans le pays. Concernant l’Europe, ce sont 113 usines clandestines de cigarettes qui ont été neutralisées l’année dernière.

Un phénomène européen en expansion

Si la France détient le triste record de la consommation illicite, elle n’est pas un cas isolé. Le rapport de KPMG souligne que la consommation illégale de cigarettes a augmenté pour la cinquième année consécutive en Europe. La contrebande représente désormais 8,3% de la consommation totale, soit une hausse de 0,1 point comparé à 2022.

Les chiffres sont encore plus importants en prenant en compte tous les pays situés dans le Vieux Continent. Pour la première fois, le rapport KPMG a intégré 38 pays : les 27 de l’UE ainsi que le Kosovo, l’Albanie, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Bosnie-Herzégovine, la Moldavie, la Serbie, l’Ukraine, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni.

La consommation de cigarettes illégales atteint alors les 52,2 milliards d’unités. Une cigarette sur 10 est issue du marché parallèle.

Agir sur tous les fronts

Conscientes de l’ampleur du problème, les autorités européennes saluent les efforts des forces de l’ordre pour démanteler les réseaux de production et de distribution illégale de tabac. Bon nombre d’experts invitent toutefois à adopter une approche holistique du trafic.

L’idée serait de compléter les sanctions et la répression avec des campagnes de sensibilisation et d’éducation sur l’impact réel du commerce illicite. Les taxes élevées et le cadre réglementaire strict poussant les fumeurs vers le marché noir doivent également être repensés. Tout comme l’accès aux alternatives au tabac.