La RSE, gage de fidélisation des talents à long terme

une main qui tient les enjeux de la RSE
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Nombreux sont les jeunes diplômés à la recherche d’un emploi en adéquation avec leurs convictions. Un atout pour les entreprises qui se saisissent des sujets sociaux et environnementaux.

Bouleversements induits par la pandémie de Covid-19, pénurie de main d’oeuvre qualifiée, « great resignation » et autre « quiet quitting »… : si 2022 s’est révélée particulièrement dynamique, avec près de 10 millions d’emplois diffusés, l’année qui vient de se terminer n’a pas été de tout repos pour les recruteurs. Ainsi, près de six projets de recrutement sur dix (58%) sont jugés « difficiles » par les employeurs, alors que plus de huit entreprises sur dix (82%) disent rencontrer des obstacles pour recruter des cadres. De fait, avec près de 40% des CDI rompus avant la fin de la première année suivant l’embauche et 35% des actifs français se déclarant prêts à changer d’emploi dans les deux ans, les tensions sont vives sur le marché du travail.

Mais la crise sanitaire et ses conséquences n’ont pas eu qu’un impact quantitatif sur l’emploi ; elles ont surtout modifié les façons de travailler, et encore davantage les raisons pour lesquelles chacun travaille. Dans un contexte d’hyper-concurrence entre les entreprises, la question du sens au travail s’est imposée comme centrale – ce « sens » pouvant se retrouver dans la mission de l’entreprise ou dans la manière dont chaque salarié perçoit sa propre place dans celle-ci : en effet, 86% des jeunes diplômés des grandes écoles déclarent rechercher, en priorité, un travail qui les stimule. Les aspirations des actifs changeant, en quelque sorte, plus vite que la capacité des entreprises à intégrer ces nouveaux paradigmes à leur modèle, la France pourrait, d’ici 2030, manquer d’1,5 million de salariés si les entreprises ne font pas de la RSE (responsabilité sociale et environnementale) un élément prépondérant de leur attractivité et de leur capacité à fidéliser leurs collaborateurs.

La RSE pour se démarquer des concurrents et fidéliser les talents

Geoffroy Roux de Bézieux résume la situation : « une entreprise qui ne met pas la RSE au cœur de sa politique de ressources humaines attire peu ou pas de talents », prévient le patron du MEDEF, selon qui la RSE est devenue « un sujet de performance et d’efficacité pour les entreprises ». Un message semble-t-il reçu cinq sur cinq par les premières concernées : plus de trois entreprises sur quatre (78%) auraient ainsi fait de la RSE « un membre permanent de leur COMEX ». Car « sortir du greenwashing est indispensable », prévient l’ancienne ministre Brune Poirson, désormais Chief Sustainability Officer chez Accor, qui estime que si les entreprises se contentent de mesures cosmétiques ou marketing, elles perdront « la confiance des gens ».

Au contraire, miser réellement sur la RSE s’impose comme un avantage concurrentiel et un moyen efficace de fidéliser les talents sur le long terme. Alors que seuls 67% des salariés se disent confiants dans leur avenir quand ils travaillent dans une entreprise sans entité dédiée à la RSE, cette proportion monte à 83% quand leur entreprise dispose d’une telle entité, selon le baromètre 2022 réalisé par le MEDEF. Une tendance qu’observent les dirigeants des grands groupes, à l’image de Véronique Lacour, directrice exécutive d’EDF en charge de la transformation et de l’efficacité opérationnelle : « dans mon département, un groupe de  »digital natives » s’est saisi du sujet du numérique responsable l’année dernière et nous a proposé d’aller encore plus loin dans notre ambition sur le sujet. Résultat : EDF est devenu le premier énergéticien à recevoir le label numérique responsable attribué par l’Institut du Numérique Responsable ».

Le manque de ressources humaines, principal frein au déploiement de la RSE

« Chacun de nos salariés peut agir et comprend que son action quotidienne incarne la Raison d’Être du groupe », conclut Véronique Lacour – la Raison d’Être de l’énergéticien étant « construire un avenir énergétique neutre en CO₂, conciliant préservation de la planète, bien-être et développement, grâce à l’électricité et à des solutions et services innovants ». Si la nécessité de développer la RSE dans l’entreprise ne semble donc plus faire débat, tant en son sein qu’au niveau de ses parties prenantes, les entreprises doivent encore se donner les moyens – notamment humains – de parvenir à leurs objectifs. Ainsi, le manque de ressources humaines (RH) est cité par 78% des répondants quand il leur est demandé d’identifier les principaux freins au déploiement de la RSE.