Plusieurs cranes de cristal sont exposés dans divers musées à travers le monde. Or, s’ils étaient supposés être de l’art précolombien, appartenant plus précisément à la culture aztèque, une anthropologue américaine a découvert la supercherie il y a plus d’une vingtaine d’années.
Des crânes trop « parfaits »
Les légendes autour des crânes de cristal aztèques sont assez anciennes et ont notamment été popularisées au cinéma. En 2008, le film Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal a justement traité ce sujet. Dans plusieurs musées autour du monde (au British Museum notamment), ce type de crânes peut être observé, mais la pertinence de leur présence au sein de lieux culturels est remise en question.
En effet, l’anthropologue Jane Walsh de la Smithsonian Institution (États-Unis) avait dans les années 1990 commencé à douter de leur authenticité. Elle avait examiné un de ces crânes fraîchement arrivés au centre et le constat fut sans équivoque. Jane Walsh avait qualifié l’objet de trop gros, trop rond, mal proportionné et avec des dents et des tempes qui ne semblaient pas normales.
Jane Walsh et son collègue Brett Topping ont ensemble rédigé un ouvrage très évocateur : L’homme qui a inventé les crânes de cristal aztèques: les aventures d’Eugène Boban. Ce livre publié en 2019 traite donc de ce sujet comme étant une véritable supercherie.
Une vaste escroquerie
Les doutes autour du premier crâne ont donné à l’anthropologue l’envie d’enquêter et notamment d’aller observer les autres crânes du même genre. Or, ses observations ont accentué ses doutes et interrogations. Il faut dire que les crânes avaient de nombreux points communs, ce qui était étrange. Finalement, quelques analyses supplémentaires ont rapidement permis de comprendre que les crânes en question ne dataient absolument pas de la période aztèque (1325-1521). En effet, pour la spécialiste, ils ont possiblement été sculptés au XIXe siècle à l’aide d’outils modernes. De plus, la matière ne provenait pas du Mexique, mais du Brésil.
Il s’avère que Jane Walsh ne fut pas la première scientifique à découvrir cette supercherie. En effet, dans les années 1950, le géologue William Foshag avait même identifié l’auteur : Eugène Boban. Il s’agissait d’un antiquaire français vivant à Mexico. Des écrits prouvent que dès 1886, le français avait tenté de vendre ses crânes à différentes institutions et souvent avec succès. Rappelons qu’à la fin du XIXe siècle, les fausses antiquités commençaient tout juste à se répandre massivement.
Eugène Boban a donc réussi son tour de force, mais ceci n’est pas le fruit du hasard. En effet, l’homme jouissait d’une solide réputation d’expert en antiquités mexicaines. Or, avec l’arrivée des faux, les différentes institutions commençaient à vouloir authentifier les œuvres avant de les exposer et faisaient donc souvent appel au spécialiste. Dans le but de vendre ses crânes, Eugène Boban jouait abondamment sur le fait que les Aztèques, tout comme les Mayas, avaient recours à des crânes en guise d’ornement.