Les mers de l’ouest de l’Afrique sont pillées

Une récente étude menée par l’organisme Greenpeace montre que des compagnies fraudent sur la déclaration de leur capacité de pêche. Cela affecte d’une part la faune marine de l’Afrique et d’autre part son économie déjà fragile.

Le Tonnage Brut (TB) d’un bateau représente la quantité de poissons qu’un bateau est capable de pêcher en un temps donné. Il est défini à partir des dimensions du bateau, selon un calcul universel.

La sous-déclaration de TB permet de payer moins de frais sur les licences de pêche. En plus de cette fraude, les compagnies mixtes — c’est à dire une compagnie appartenant à un pays, mais dépendant économiquement d’un autre — ont accès aux zones exclusives. Ce sont des zones réservées aux artisans pécheurs nationaux dans lesquelles la pêche reste modérée.

Les chiffres

L’organisme Greenpeace a confirmé des études précédentes comme celle d’Interpol, indiquant que des navires chinois (et d’autres nationalités) sous-déclarent leur TB. Ils ont démontré que 44 navires sur 109 actuellement au Sénégal, en Guinée et en Guinée Bissau, sont en sous-déclaration de TB. Dans ces pays, cette pratique est interdite et s’apparente à de la pêche illégale.

Entre 2000 et 2014, au Sénégal, les bateaux de la CNFC (China National Fisheries Corporation) sous-déclarent leur TB de 43 % en moyenne annuelle par rapport à leur TB réel. Cela représente une somme de 371 404 800 Francs CFA (ce qui équivaut à 566 203 €) de frais de licence non payés. Cette somme ne représente que 14 années sur les 30 depuis lesquelles la CNFC opère dans les eaux sénégalaises.

Mais la CNFC n’est pas la seule société à frauder sur le TB. Les compagnies LianRun et Fujian ont des déclarations de TB incohérentes sur respectivement 19 et 12 navires. Ce nombre peut paraitre bien plus petit que celui de la CNFC, mais cette dernière est la plus grande entreprise de pêche lointaine de Chine. De plus, la Chine ne pêche pas que dans ces trois pays, il y a aussi la Mauritanie, le Sierra Léon, le Maroc, etc. Cela laisse penser que la fraude sur le TB pourrait être plus étendue et ne pas se limiter à des compagnies chinoises.

La recherche de preuve

Les informations de cette étude ont principalement été récupérées au Sénégal, en Guinée, et en Guinée Bissau. L’ONG a comparé les données déclarées aux autorités sur un même bateau au cours des années et/ou dans différents pays. Par exemple, lors du passage de la Guinée à la Guinée Bissau, 4 navires chinois ont déclaré un TB différent du précédent.

La comparaison de donnée ne suffit pas, elle montre seulement des incohérences. Pour prouver les fraudes, l’ONG a récupéré les plans détaillés et parfois les TB. Quand les TB n’étaient pas renseignés, ils ont fait le calcul du celui-ci grâce au plan.

Les conséquences

Les zones réservées aux artisans pêcheurs sénégalais sont essentielles à la survie de la population locale et de son économie. Mais les conséquences de cette surpêche ne sont pas qu’économiques. En pêchant trop abondamment dans ces zones, les compagnies de pêche détériorent la faune marine. Elles mettent en péril les accords mis en place par les pays côtiers quant à la conservation et la gestion des zones de pêche.

Sources : Greenpeace Afrique (pdf), Interpol (pdf), le monde