Lorsqu’il est question d’abeilles, les enquêtes et autres recherches ne sont guère optimistes. Dernièrement, l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) a tiré la sonnette d’alarme après la publication d’un rapport de l’Anses traitant des pesticides. Durant l’hiver 2018, près d’un tiers des colonies d’abeilles françaises seraient mortes.
Les apiculteurs témoignent
Publié le 6 février 2019, le communiqué de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) a relayé l’avis « très attendu » de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Cet avis concernait l’encadrement de l’utilisation des pesticides en présence d’abeilles. Selon l’UNAF, la réglementation actuelle pour protéger les abeilles des pesticides serait complètement inefficace.
Le communiqué indique que 46.500 apiculteurs ont été contactés par e-mail et environ 14.000 d’entre eux ont répondu par voie postale. Les premiers résultats avaient témoigné d’une mortalité des colonies d’abeilles frôlant les 30% (29,4%) pour l’hiver 2017-2018. Par ailleurs, ce taux atteindrait 35% pour les exploitations comptant moins de dix colonies et 28,4% au niveau des exploitations en comptant plus d’une cinquantaine. Or, de tels taux de mortalité se comptent habituellement sur toute l’année et pas seulement sur la saison hivernale.
Un appel aux pouvoirs publics
Il faut savoir que la production de miel français a chuté : environ 32.000 tonnes en 1995 contre 10.000 tonnes aujourd’hui. Cette baisse de productivité fait que la production française ne couvre désormais plus la demande. Ainsi, cette situation ouvre la porte aux miels importés souvent de piètre qualité et bourrés de sirop de glucose.
Les apiculteurs français pressent les acteurs de la décision politique pour en finir avec les néonicotinoïdes, cette classe de produits toxiques agissant notamment sur le système nerveux central des abeilles et autres pollinisateurs (ex : bourdon). Selon l’UNAF, il s’agit de « sortir notre agriculture de sa dépendance aux pesticides », mais également aux fongicides et autres insecticides.
En avril 2018, l’Union Européenne a bien interdit l’utilisation de trois néonicotinoïdes, à savoir le clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame. En revanche, comme l’indique l’UNAF, les dérogations permettant d’utiliser tout de même les produits de cette famille sont légion :
« La dérogation est presque devenue la règle : près de la moitié des usages insecticides et acaricides autorisés en France dérogent à l’interdiction de traiter pendant les périodes attractives pour les abeilles. »
Sources : UNAF – Le Monde