Rejetée une première fois en commission, le projet de loi visant à interdire la corrida a été finalement retiré par le député de La France insoumise Aymeric Caron lui-même. Mais que contenait exactement cette loi ?
La corrida déjà interdite en France ?
La corrida est un spectacle tauromachique qui est aujourd’hui pratiqué essentiellement en Espagne, au Portugal, dans le sud de la France et dans un certain nombre de pays d’Amérique latine.
Toutefois, cette tradition ne fait pas l’unanimité, principalement en raison de la souffrance des taureaux lors des célébrations. En 2016, l’Ordre national des vétérinaires en France évoquait que cette pratique provoquait des plaies profondes volontaires engendrant des souffrances animales foncièrement évitables conduisant à la mise à mort. L’ordre a également critiqué l’espace clos sans possibilité de fuite pour l’animal et une volonté de divertir qui est incompatible avec le respect du bien-être animal.
Cette conclusion offrait alors un terreau idéal pour certains députés quant à l’élaboration d’une proposition de loi. Les 80 députés de La France insoumise (dont Aymeric Caron) et des verts à l’origine de cette initiative ont rappelé que l’article 521‑1 du Code pénal interdit et punit les sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux. Pour les partisans de cette loi, la corrida est donc officiellement déjà interdite en France.
Un projet de loi retiré après un premier rejet
La proposition de loi n°329 visant à abolir la corrida sur tout le territoire français avait pour objectif de supprimer les mentions « aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée » des articles 521-1 et 522-1 du Code pénal. Il s’agit en somme de mettre fin aux dérogations actuelles concernant les départements dits « taurins », à savoir les Bouches‑du‑Rhône, le Gard et les Pyrénées‑Atlantiques bien qu’aucune liste officielle n’ait été publiée.
Le passage en commission des lois le 16 novembre 2022 a débouché sur un rejet majoritaire. Par ailleurs, le sujet divise tellement que la plupart des partis politiques ont accordé une liberté de vote à leurs élus. Des débats houleux ont ainsi refait surface le 23 novembre à l’Assemblée Nationale. Finalement, Aymeric Caron a retiré le texte dans une ambiance très agitée, tout en dénonçant des centaines d’amendements qu’il assimile à une obstruction parlementaire.
« Je dois bien me rendre à l’évidence : nous ne pourrons pas abolir la corrida en France aujourd’hui », a déclaré Aymeric Caron à l’Assemblée.
Enfin, les débats autour de ce sujet épineux avaient visiblement dépassé l’enceinte de l’Assemblée Nationale, avec des manifestations anti et pro corrida à Paris et dans les villes taurines le week-end du 20 novembre. En 2016, les anti corrida avaient pourtant remporté une première victoire avec le retrait de cette tradition du patrimoine immatériel de la France.