C’est une petite révolution dans l’alimentation. Vous l’avez peut-être remarqué, l’enseigne Carrefour se lance dorénavant dans la vente de légumes issus de graines paysannes « interdites » dans une quarantaine de ses magasins de Bretagne et d’Île-de-France. Mais que sont-ils exactement, ces « légumes interdits » ?
Artichaut Glas-Ruz, Oignon Rosé d’Armorique, Potimarron Angélique, une dizaine de ces variétés anciennes sont depuis mercredi sur les étals de plusieurs magasins de l’enseigne Carrefour, dans son « marché interdit ». Rassurez-vous, ces légumes n’ont rien d’interdit, simplement issues de semences paysannes non homologuées et non-inscrites dans le catalogue national qui, selon la loi de 1981, répertorie les espèces autorisées à la vente et à la culture. En d’autres termes, « la commercialisation des produits issus des semences paysannes n’est pas interdite, mais celle des semences proprement dites l’est, ce qui limite les producteurs à ne faire que de la vente directe« , explique Philippe Bernard, directeur Partenariat PME et Monde agricole Carrefour France.
« Le terme « interdit » est un abus de langage, ces produits ne sont pas interdits. Carrefour tente d’appuyer sa communication avec ce slogan, c’est évident, mais cela reste une bonne initiative« , se réjouit Daniel Evain, porte-parole de la Confédération Paysanne d’Ile-de-France (IDF), interrogé par L’express. Pour booster son opération, le distributeur a en effet choisi un slogan accrocheur, « Le marché interdit ». Exclues de la vente, ces semences auraient de toute façon fini par disparaître. Et c’est franchement dommage. Afin de sauver ces fruits et légumes oubliés, l’enseigne s’est notamment engagée sur cinq ans avec des maraîchers sur une dizaine de produits qui seront commercialisés au fil de la saison. D’abord, l’oignon rose d’Armorique et le potimarron angélique. Ensuite, d’autres arriveront sur les étals.
Pour l’heure vous ne retrouverez ces légumes que sur les étals de certains magasins de Bretagne et d’île de France, mais Carrefour compte bien étendre très vite cette stratégie à d’autres régions françaises. La grande distribution n’a finalement jamais eu interdiction de vendre ces produits. Si elle a fait le choix de ne pas les commercialiser, c’est parce que la demande était très faible avant la montée du végétarisme et du véganisme. Ainsi, l’enseigne compte aujourd’hui élargir son offre aux demandeurs de produits sains et bio. Et c’est une excellente nouvelle.
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