En janvier dernier sortait en librairie une réédition commentée du manifeste d’Adolf Hitler intitulé « Mein Kampf », après 70 ans de censure. Le bilan établi un an après fait état d’un véritable succès commercial.
Après avoir passé 35 semaines dans la liste « Der Spiegel » des best-sellers en 2016 en Allemagne, et s’être écoulé à environ 85 000 exemplaires, la réédition commentée de « Mein Kampf », manifeste d’Adolf Hitler interdit en Allemagne depuis 1945, est un véritable succès en librairie outre-Rhin.
Tombé dans le domaine public à la fin de l’année 2015, la réédition de cet ouvrage a fait débat en Allemagne, certains craignant une sorte de promotion de l’idéologie d’Adolf Hitler. « Malgré tous les débats sur la republication, le livre d’Hitler a longtemps été accessible de multiples façons : sur les étagères des magasins de livres d’occasion, dans les traductions anglaises légales ou d’un clic sur Internet. Le rôle de cette édition critique et annotée est justement de rendre le débat objectif et de mettre en avant une alternative sérieuse, un contre-texte aux mensonges et à la propagande d’Hitler » écrit l’éditeur dans un communiqué.
« Il s’avère que la peur que cette publication permette la promotion de l’idéologie d’Hitler s’est avérée infondée » explique Andreas Wirsching, directeur de l’Institut d’histoire contemporaine (IfZ) de Munich. En effet, selon les données collectées par l’Institut, les acheteurs de cette réédition sont principalement « des consommateurs intéressés par l’Histoire et la politique ainsi que des professionnels de l’enseignement« .
« Le débat sur la vision du monde d’Hitler et son approche de la propagande a permis de traiter des causes et conséquences des idéologies totalitaires à une époque où l’autoritarisme et les idées d’extrême droite gagnent du terrain » ajoute le directeur de l’Institut.
Pour rappel, le manifeste d’Adolf Hitler a été écrit alors qu’il était en prison, entre 1924 et 1926, après un putsch manqué. S’il est aujourd’hui possible de vendre ce manifeste après 70 ans de censure, il existe une condition importante, la présence des commentaires visant à remettre en perspective les propos du dictateur. Tous ceux qui chercheraient à commercialiser l’oeuvre sans commentaires seront poursuivis en justice pour incitation à la haine raciale.