Ce panneau du Musée de l’Holocauste de Washington a fait le tour du monde en 2017 après avoir été immortalisé par Sarah Rose et partagé sur son compte Twitter. La photographie alerte sur les signes avant-coureurs annonçant le fascisme. D’ailleurs, il y a quelques années, le parallèle entre ceux-ci et l’élection de Donald Trump au poste de président des États-Unis avait été rapidement établi. Aujourd’hui, il est toujours utile d’avoir en tête ces quatorze signaux afin d’éviter de reproduire les erreurs du passé.
Une très courte définition du fascisme
On a l’habitude de traiter tout et n’importe quoi de fasciste. Néanmoins, le terme renvoie à une réalité historique glaçante. Le mot « fascisme » vient en effet de la dictature établie par Mussolini et ses troupes en Italie entre 1922 et 1945. Il se caractérise notamment par l’exercice violent et autoritaire du pouvoir, l’exaltation du nationalisme ainsi que par la coopération active des pouvoirs économiques, eux-mêmes organisés en corporation. Par extension, le fascisme caractérise tous les systèmes politiques fondés sur ces principes.
La liste des signes avant-coureurs du fascisme
On doit cette liste à l’écrivain Laurence W. Britt. Ces quatorze points sont parus en 2003 dans le magazine américain Free Inquiry. L’auteur se base sur les similitudes entre un éventail de régimes fascistes : l’Italie de Mussolini, l’Allemagne d’Hitler, l’Espagne de Franco, le Chili de Pinochet, le Portugal de Salazar, la Grèce de Papadópoulos et l’Indonésie de Soeharto. Comme beaucoup d’auteurs, Britt met en garde contre l’irrémédiable oubli des erreurs commises dans le passé, d’où l’importance de l’histoire dans les programmes scolaires, ainsi que la réactivation de ces savoirs durant la vie adulte.
Liste de signes avant-coureurs du fascisme photographiée par l’utilisatrice Sarah Rose (compte supprimé depuis) au US Holocaust Museum de Washington aux États-Unis.
Voici donc la liste des signes avant-coureurs du fascisme établie par Laurence W. Britt. qui ne doit pas être confondue avec celle, bien moins simple, du fascisme éternel du penseur italien Umberto Eco :
- Nationalisme puissant et continu
- Mépris des droits humains
- L’identification d’ennemis comme une cause unificatrice
- Domination de l’armée
- Sexisme rampant
- Contrôle exercé sur les grands médias
- Obsession quant à la sécurité intérieure
- Religion et gouvernement entrelacés
- Protection des pouvoirs appartenant aux grandes corporations
- Suppression des droits des travailleurs (syndicats interdits)
- Dédain pour les intellectuels et les arts
- Obsession pour le crime et le châtiment
- Copinages et corruptions rampantes
- Élections frauduleuses
Il est intéressant de comparer les déclarations et projets des politiques de tout temps avec cette liste de signes précurseurs du fascisme. Face à certaines déclarations de décideurs, on ne peut qu’éprouver de la surprise teintée d’horreur en remarquant qu’elles valident certaines de ces lignes. N’oublions pas qu’un glissement pernicieux de régime arrive plus vite que l’on ne le pense, en tout temps et partout dans le monde.