Un ingénieur de longue date chez Airbus à Toulouse porte un projet aussi étonnant qu’insolite : il souhaite éviter le démantèlement d’un avion A380 en lui donnant en seconde vie. Pour y parvenir, il va transformer l’appareil en hôtel-restaurant de haut standing.
Un complexe hôtelier dans un A380
L’Airbus A380 est un avion de ligne civil très gros-porteur long-courrier surnommé « super-jumbo » qui a été mis en service en 2007. Quatorze années après cette entrée en piste, certains appareils sont déjà retirés de la circulation. Or, un de ces appareils fait actuellement l’objet d’un surprenant projet baptisé Envergure. Frédéric Deleuze, ingénieur chez Airbus depuis une quinzaine d’années, désire en effet réutiliser la carlingue de l’avion pour y aménager un complexe hôtelier, comme l’explique la plateforme officielle du projet. Pas moins de 31 chambres d’hôtel ainsi qu’un restaurant d’une capacité de 60 couverts sont prévus. Ce dernier se trouvera quant à lui à l’intérieur d’une tour de contrôle construite pour l’occasion.
Pour l’ingénieur, le complexe en question pourrait idéalement prendre place dans la zone nord de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, aux portes du Parc des Expositions et Centre de Conventions (MEETT) et du musée Aeroscopia. Toutefois, le choix de l’emplacement n’est pas définitif et se trouve en attente de l’approbation des responsables. Dans tous les cas, l’avion qui était prêt à entrer dans sa phase de démantèlement ne sera finalement pas détruit.
Pour Frédéric Deleuze, l’objectif est d’offrir à la ville de Toulouse un habitat insolite et une attraction touristique supplémentaire. Selon lui, le complexe pourrait ouvrir ses portes en 2024. En revanche, il est impossible de savoir combien coûtera la récupération de la carlingue de l’A380 puisqu’il s’agit de données confidentielles. Pour l’heure, le prix des chambres est également inconnu. Concernant le restaurant, la cuisine se voudra haut de gamme, de saison et fera appel à des produits locaux. À première vue, fréquenter ce futur établissement ne sera donc pas possible pour toutes les bourses, bien qu’il soit encore impossible de tirer des conclusions définitives.
L’A380, un échec cuisant pour Airbus
Rappelons tout de même que l’Airbus A380 est un véritable échec commercial. Même s’il présente de nombreuses qualités et qu’il est plutôt apprécié des passagers, l’appareil ne répond pas vraiment aux besoins des compagnies aériennes. D’autres raisons viennent s’ajouter à cela, à savoir un marché surestimé des avions très gros porteurs dès le lancement du projet à la fin des années 1990 et un lancement plusieurs fois retardé. Citons également un coût d’exploitation trop élevé, une concurrence des avions biréacteurs ainsi que le pari manqué des vols de « hub à hub » ( plateformes de correspondance aéroportuaire).
Depuis 2015, aucune compagnie n’effectue de nouvelle commande et Airbus a donc stoppé la production en milieu d’année 2020. Le tout dernier exemplaire de l’avion a été livré à la compagnie Emirates en décembre 2021, principal client pour ce type de gros porteur.