La pandémie de Covid-19 fait plonger les bourses du monde entier. Ce 12 mars, le CAC 40 a connu la plus forte baisse de son histoire, avec une chute de plus de 12%. Les banques centrales ne seront sans doute pas capables de renflouer toutes les banques et entreprises en difficulté. Beaucoup de citoyens y voient le signe qu’il faut modifier notre système économique pour le rendre plus responsable, plus durable. Mais comment ?
1) Opter pour une production plus locale
On le voit bien, l’épidémie de coronavirus provoque un dérèglement d’une part, de l’offre à cause de l’interruption des chaînes d’approvisionnement, notamment en Chine, et d’autre part, de la demande, à cause des mesures de confinement.
Presque tous les secteurs de l’industrie sont touchés puisque la majeure partie de la production a été délocalisée à l’étranger, surtout en Chine. La question de l’approvisionnement en médicaments pose le plus de problèmes à l’heure actuelle.
Relocaliser la production industrielle en France ou en Europe rendrait nos pays plus indépendants pour gérer le type de crise sanitaire que nous traversons. Cette mesure permettrait également de générer moins de carbone dans le processus de fabrication et de transport des marchandises. Elle favoriserait la naissance d’une économie plus nationale, plus européenne et la création d’emplois sur nos territoires.
D’autre part, la proximité de fabrication des produits prend de plus en plus d’importance dans les critères de choix des consommateurs. Le “made in France” a la côte ! Opter pour des matériaux ou des ingrédients de qualité et produits le plus proche possible représente donc une étape importante pour passer à une économie plus durable et plus résiliente en cas de crise.
Les collectivités publiques, régions, départements, intercommunalités et communes, ont aussi un rôle à jouer dans la mise en place de systèmes de résilience alimentaire.
En ce qui concerne l’alimentation, les critères se durcissent encore du côté des consommateurs : pas de pesticides, pas de mauvais traitement sur les animaux et respect de leurs cycles naturels, élevage en plein air au maximum…
2) Maîtriser les déchets dès l’emballage
Quand on sait qu’en France, 60% des déchets en plastique sont des emballages, ce chiffre devrait faire réfléchir les entreprises et les commerces en général.
Certains produits sont définitivement “morts”, comme la vaisselle en plastique jetable, les sacs plastiques, les cotons-tiges en plastique et d’autres articles suivront. Les prochains seront nécessairement les bouteilles et sachets en plastique. Le tournant est à prendre maintenant.
Nous avons déjà évoqué la disponibilité d’alternatives écologiques aux emballages en plastique sur notre site Sciencepost. Il suffirait de changer de fournisseur pour les emballages, ou de mettre en place un système de consigne à l’échelle nationale, comme le prévoit le site marchand Aurore Market dès septembre 2020.
Les conséquences de la pollution au plastique sont très graves puisque même les plus gros morceaux finissent en micro-plastiques ingérés par toute la chaîne alimentaire, du plancton à l’Homme.
Pourtant, le vrac se développe encore timidement dans les grandes surfaces, 50% d’entre elles ont ajouté un corner ou un rayon dédié, mais il faudrait envisager de convertir tous les rayons ou presque, et de proposer davantage de produits durables. Quand verrons-nous des sacs en tissu aux caisses, des savons, des éponges en jute, des protections féminines en tissu, des aliments en vrac dans ces rayons ?
De même, pour les entreprises qui proposent ce type de produits, éco-responsables, encore faut-il que l’emballage le soit également, sinon, quel intérêt ?
A quoi bon commander du véritable savon de Marseille mis en avant dans un décor épuré, sans emballage, peut-être grâce à une banque d’images gratuites, et le recevoir sur-emballé de carton, de plastique et de scotch de déménagement ?
Pour protéger les articles dans les colis, des journaux ou du papier bons pour le recyclage font très bien l’affaire, plutôt que du papier bulle ou un autre type de plastique.
Pour fermer les colis, il existe du scotch écologique composé de papier kraft et d’adhésif autocollant en caoutchouc naturel.
3) Rendre les livraisons plus écologiques
Le géant du secteur, Amazon, a bien été obligé de prendre des mesures pour limiter l’impact carbone de ses livraisons et de son serveur web. La firme multiplie les projets de production d’énergie renouvelable et a commandé 100 000 véhicules électriques à une entreprise américaine. Les premiers seront mis en service dès 2021 et le reste de la flotte d’ici 2030. Plus généralement, Amazon s’est engagé à rendre ses activités commerciales nettes d’émissions carbone d’ici 2040, un délai qui paraît encore long vu le contexte d’urgence environnementale.
En France, des entreprises proposent déjà la livraison en vélo, notamment pour les derniers kilomètres.
Au-delà de la compensation carbone et du recyclage des emballages, le développement de circuits courts et de systèmes de consignes semble inévitable pour limiter l’impact environnemental du e-commerce et des livraisons. Les plateformes e-commerce ont tout à inventer. A quand une boîte de livraison réutilisable et pas seulement recyclable ?
A terme, les réseaux locaux devraient s’agrandir pour mieux fédérer les producteurs à l’échelle régionale, départementale et intercommunale (artisans, sites locaux comme La Ruche qui dit oui, coopératives d’agriculteurs…) Cette tendance suivra celle de la résilience alimentaire afin de pouvoir faire face à n’importe quel type de menace (environnementale, sanitaire, financière…)
4) Limiter les déplacements au nécessaire, encourager le télétravail
D’autant plus avec la récente polémique touchant les avions volant à vide pour garder leurs créneaux, le phénomène flygskam, ou la honte de prendre l’avion, pourrait s’accentuer.
Comme les citoyens, et pour améliorer leur image, les entreprises vont également être amenées à limiter les voyages en avion, qu’il s’agisse du transport de personnes ou de marchandises. Logiquement, cela devrait servir les intérêts des secteurs du fret maritime et ferroviaire.
En ce qui concerne les réunions ou les conférences, il existe de nombreuses solutions qui permettent de les conduire à distance, sur le web.
Pour conclure, les personnes dont les missions peuvent s’effectuer en télétravail devraient pouvoir le faire facilement avec l’accord de leur employeur. Depuis le 1er janvier 2020, le droit au télétravail a toute sa place dans le Code du Travail et chacun peut demander à l’appliquer lorsque c’est possible. Autant de personnes en moins sur les routes chaque jour, et autant d’émissions carbone économisées…
Auteur :
Coline Mionnet
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