Dans ce zoo, les victimes collatérales de la guerre agonisent

Victimes collatérales de la guerre qui sévit au Yémen, les animaux de zoos sont aujourd’hui laissés à l’abandon en cage et affamés. Une campagne de financement participatif pour venir en aide aux pensionnaires a permis de limiter les dégâts, mais la situation reste alarmante.

Depuis deux ans, le Yémen est en proie à une guerre civile qui oppose les rebelles chiites Houthis et les forces fidèles à l’ex-président au pouvoir Ali Abdallah Saleh. Depuis le début de l’année, le gouvernement a perdu le contrôle de la ville de Taïz, capitale culturelle du pays et les civils ont été contraints de fuir leurs maisons, parfois leurs familles, loin des bombes. Pour les animaux du zoo de Taïz, la situation est alarmante : les autorités yéménites au pouvoir ont cessé de payer les salaires des employés du zoo qui ont depuis quitté la ville et les 265 animaux pensionnaires sont en train de mourir de faim.

Depuis le début de l’année, 11 lions et 6 léopards d’Arabie ont déjà succombé au manque de nourriture. Il y a quelques semaines, l’un des léopards s’est même vu contraint de manger l’une de ses congénères pour survivre. Parmi les 265 animaux du zoo, lions et léopards, mais également hyènes, oiseaux et autres primates souffrent de sous-nutrition, de diverses infections et de détresse psychologique. Mais les « oubliés » de la guerre ne le sont pas totalement. L’association SOS Zoo and Bear Rescue menée par l’activiste suédoise Chantal Jonkergouw a récemment lancé une campagne de financement participatif pour venir en aide aux pensionnaires du zoo et demander leur évacuation aux autorités yéménites. En dix mois, près de 130 000 dollars (124 500 euros) ont été récoltés, permettant aux autres animaux de survivre grâce à une distribution régulière de nourriture. Mais ce ne fut que temporaire.

Le 30 novembre dernier, l’association a en effet pris la décision de ne plus nourrir les animaux pour faire pression sur le gouvernement : « Nous avons récemment décidé de stopper notre soutien au zoo de Taïz jusqu’à ce que les autorités acceptent de nous laisser évacuer les animaux vers une zone plus sécurisée. Nous avons deux propositions d’hébergement en provenance de Jordanie et des Émirats Arabes Unis, le temps que la guerre prenne fin », explique Chantal Jonkergouw. Les animaux n’ont donc pas été nourris depuis le 16 décembre.

La présidente de SOS Zoo a néanmoins indiqué qu’elle comptait distribuer à nouveau de la nourriture dès que le gouvernement acceptera le transfert des animaux vers la Jordanie ou les Émirats Arabes Unis ou toute autre alternative qui leur permettrait de quitter la zone de guerre, mais les autorités ne semblent pas enclines à prendre une quelconque décision. Le Salut pourrait néanmoins venir des léopards d’Arabie, véritables fiertés nationales. 26 des 80 spécimens restant sur la planète survivent dans ce zoo. Si ces derniers commencent à mourir de faim, l’association espère que le gouvernement puisse fléchir avant de permettre le transfert des léopards et tous les autres animaux vers des lieux plus sûrs et plus sains. En attendant, les derniers pensionnaires survivent grâce à quelques gorgées d’eau et aux restes d’aliments.

Pour suivre les dernières nouvelles, vous pouvez suivre la page Facebook de SOS Zoo (en anglais). Vous pouvez également apporter votre soutien financier à l’association.

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