Transformer les déchets urbains en engrais pour fertiliser les sols, c’est possible !

L’Inra et Veolia collaborent depuis une quinzaine d’années à la fertilisation des sols grâce aux ordures de nos villes, dans l’objectif avoué de remplacer les apports en engrais synthétiques. Les premiers résultats attestent d’une amélioration des sols et de meilleurs rendements.

Depuis près de 60 ans, la scène agricole mondiale repose sur l’utilisation intensive de 3 éléments nutritifs (azote, phosphate et potassium) pour maximiser sa production. L’efficacité de ces engrais est malheureusement aussi indiscutable que leur nocivité à l’égard des sols et des nappes phréatiques ; et la croissance des besoins alimentaires mondiaux pose la question de l’épuisement des ressources minérales.

L’expérience QualiAgro démarrée en 1998 tente de répondre à ces problématiques dans un laboratoire à ciel ouvert des Yvelines, où sont testées méthodiquement des cultures nourries aux déchets recyclés : 40 parcelles de blé et de maïs répartis sur 6 hectares reçoivent des composts issus de déchets verts, d’ordures ménagères résiduelles et de boue d’épuration. Les effets des différents apports (qualité de l’eau, des sols et de la production) sont ensuite mesurés et comparés.

Des résultats positifs, mais des questions en suspens

L’Institut National de Recherche Agronomique a récemment publié les premiers résultats de l’expérience et indique que la fertilisation au compost et fumier permet « d’augmenter les teneurs en matière organique des sols de 30 à 50% par rapport à une fertilisation minérale », favorisant du même coup une plus grande biodiversité : les lombrics, révélateurs d »une bonne aération du sol, étaient plus nombreux dans les parcelles nourries au compost que dans celles traitées aux engrais minéraux.

L’étude révèle également une augmentation des taux de zinc et de cuivre, précisant néanmoins que les valeurs restent comparables à celles mesurées dans la région, et le suivi des populations bactériennes montre que les apports « n’ont pas d’impact sanitaire sur les sols et les cultures ».

Si les résultats préliminaires sont encourageants, il reste de nombreux facteurs à évaluer : les résidus pharmaceutiques et les émissions de gaz à effets de serre sont notamment en cours d’étude dans l’expérience qui prendra fin en 2020.

Sources : Inra, Terre-net, le Monde

– Illustration : Récolte de blé sur le site QualiAgro / © Inra, EGC