Il y a plus de 120 ans, Camille du Gast fut la première femme en France a obtenir le droit de conduire une voiture. C’était en 1898. Elle fut également la première femme à participer à une course automobile : le Paris-Berlin en 1901.
Des résultats honorables en course automobile
Aujourd’hui, dans notre pays, l’automobile joue un rôle très important dans la société. En effet, pas moins de 83 km sur 100 sont effectués en voiture. Et pourtant, à la fin du XIXe siècle, ce genre de véhicule était très rare. En 1893, notre pays comptait en effet seulement 2 500 automobiles environ et près de 8 000 motocycles. De plus, il s’agissait d’un privilège réservé à une élite, l’élite masculine. Il faudra attendre 1914 pour que l’on atteigne le nombre de cent femmes ayant accès à la conduite.
La première femme ayant acquis le droit d’avoir un volant dans les mains est Camille du Gast (1868-1942). En 1898, elle obtient en effet le certificat de capacité en France, ancêtre du permis de conduire. Elle sera également la première femme à participer à une course automobile : le Paris-Berlin de 1901. À l’occasion de cette course, Camille du Gast porte le numéro 122 et pilote une Panhard & Levassor (voir photo ci-après). Elle se classe 33e sur 47, un classement plus qu’honorable surtout que dix-neuf participants ont abandonné en cours de route.
Par la suite, Camille du Gast participera à une autre course automobile, le Paris-Madrid de 1903 au volant d’une De Dietrich 35 CV. Cette course est particulièrement difficile et comptabilise près d’une dizaine d’accidents ayant fait plusieurs victimes. Ceci n’empêche pas Camille du Gast (N°29) de se classer 77e sur 99, alors que là encore, de très nombreux participants abandonnent.
Quand l’interdiction des courses de voiture pour les femmes tombe…
À la suite de cette compétition, le gouvernement français de l’époque, à savoir celui d’Émile Combes sous la IIIe République, interdit la participation des femmes aux courses automobiles. La raison évoquée n’est autre que « l’inexpérience et nervosité féminines », des quolibets malheureusement toujours entendus de nos jours. Par ailleurs, cette interdiction intervient alors que Camille du Gast est la seule membre de l’Automobile Club de France à qui le constructeur allemand Benz propose de porter ses couleurs. La présence de Camille du Gast lors de ces courses devait vraisemblablement gêner. Il faut dire que cette dame était fortunée, non conformiste et casse-cou. Véritable paradoxe pour la société de l’époque, elle s’illustrera comme chanteuse lyrique et pianiste chevronnée, mais aussi en tant que pionnière du saut en parachute et experte en tir au pistolet et à la carabine.
Concernant certificat de capacité, Camille du Gast n’était pas la seule femme à l’obtenir en 1898. Effectivement, ce fut également le cas d’Anne de Rochechouart de Mortemart (1847-1933), duchesse d’Uzès dès 1967. Militante des droits des femmes et arrière-petite-fille de la célèbre Veuve Clicquot, elle a été la première femme à être verbalisée pour excès de vitesse, et ce, seulement deux mois après l’obtention du certificat. Également amatrice de sports automobiles, elle ne put toutefois pas accéder à l’Automobile Club de France en raison de l’interdiction en vigueur. Elle a cependant créé l’Automobile Club féminin, dont elle sera présidente jusqu’à son décès.